J'ai participé à une mission d'information sur les réserves. Celle-ci s'est particulièrement intéressée à la place des réserves dans le quotidien des armées et aux améliorations en cours. Cependant, de nombreuses améliorations demeurent souhaitables. Vous évoquiez les flux de sortie parfois liés à des motifs personnels. Il existe aussi des retards de paiement. Certains réservistes seront rémunérés avec un an de retard parce que les budgets sont épuisés. Cela peut être une source de démotivation. Les conditions d'emploi du réserviste requièrent de nombreuses améliorations.
Les réserves sont devenues indispensables en temps de paix. Cela signifie qu'il existe une bonne intégration. Nous pouvons toutefois nous en inquiéter, car si les réserves sont utilisées en temps de paix, de quelle masse supplémentaire disposera-t-on en cas de coup dur ? Depuis une trentaine d'années, depuis la fin de la Guerre froide, le choix d'une armée moins nombreuse et mieux équipée a été opéré. Aujourd'hui, la force opérationnelle terrestre tient dans le stade de France. Or même si la loi de programmation militaire engage une remontée en puissance importante, ce processus ne modifiera pas fondamentalement les équilibres. Vous évoquiez 3 millions de réservistes militaires, ce chiffre a été divisé par 40. Pourtant, ce phénomène n'a pas été intériorisé. Beaucoup de responsables politiques pensent que nous disposons encore d'une réserve de masse et qu'en cas de coup dur, on fera appel à l'armée. La résilience de la nation repose déjà sur un exercice de « sincérisation » afin que les armées puissent décrire ce qu'elles seront ou non capables de réaliser. Le directeur du service de santé des armées (SSA) a été clair sur ce point.
L'objectif de notre mission demeure de réfléchir aux cas extrêmes qui pourraient concerner la nation. Il ne s'agit pas nécessairement de la haute intensité d'un combat face à un adversaire symétrique. Nous devons également considérer les grands risques systémiques de longue durée pour lesquels les moyens de l'État pourraient être insuffisants. Dans de tels cas, il sera nécessaire de recourir à d'autres acteurs de la nation : des entreprises, des collectivités territoriales, voire des citoyens. Dans ce cadre, les réserves ont plusieurs intérêts : leur nature hybride, le trait d'union qu'elles représentent, l'apport d'une masse supplémentaire et l'intervention dans la profondeur et la durée.
Les unités intégrées de réserves de l'armée de terre sont en mesure d'intervenir. Existe-t-il, en dehors de l'armée de terre, des unités de réserves en mesure d'intervenir de manière collective et autonome ?
Pourriez-vous préciser les chiffres concernant la RO2 ? Quel est son niveau théorique ? Quel est son taux de disponibilité ? Je crois savoir que lors des exercices de rappel, les taux de rappel sont faibles. Ce phénomène s'entend de la part de militaires ayant quitté l'armée depuis cinq ans. Parlons-nous bien de 77 000 militaires de RO2 ? A-t-on les moyens de les soutenir ?
Les réservistes sont utiles pour apporter des compétences pointues acquises dans leur emploi civil. Disposons-nous d'un outil en mesure de référencer ces compétences et de les mobiliser de manière ciblée ? Il me semble que le système d'information « réservistes opérationnels connectés » permet cette procédure. Toutefois, cet outil est-il correctement renseigné ? Nous permettra-t-il de mobiliser les réservistes en fonction de leurs compétences ?