Deux éléments essentiels, la révision générale des politiques publiques (RGPP) et la diminution du format des armées, ont fait que la réserve est devenue indispensable. En moyenne, les réservistes sont mobilisés pendant trente-deux jours. Or nous pourrions mobiliser davantage. En ce sens, je demeure dans l'attente du développement des scénarios de la vision du CEMA. Nous ne cherchons pas à travailler uniquement pour les armées. Nous souhaitons un pluri-dimensionnement. Le modèle actuel de la garde nationale est fondé sur le volontariat. Il existe deux axes de solution : engager davantage nos réservistes – ce qui n'est pas possible dans le format actuel de la garde nationale à défaut de mesures plus incitatives pour les employeurs – ou user d'un modèle plus contraignant. Pour porter ces sujets, des données d'entrée sont nécessaires en termes de besoins opérationnels. On peut penser à une évolution de la garde nationale vers un emploi plus long du réserviste et l'assurance pour l'employeur de ne pas y perdre des ressources.
Le modèle actuel de la garde nationale nécessite un budget plus important pour assurer en contrepartie davantage de disponibilité.
Concernant les unités autonomes, il y en a quelques-unes dans l'armée de l'air. La gendarmerie nationale comporte des détachements autonomes territoriaux. Le projet de modèle de la police nationale ouvrira à ses réservistes tous les emplois des policiers d'active. En revanche, la police nationale ne désire pas créer d'unités autonomes : le réserviste sera toujours employé dans une unité d'active et encadré par un policier professionnel. À l'avenir, avec le retour d'expérience sur la capacité à réagir sur le terrain, d'autres ouvertures seront envisageables. Quoi qu'il en soit, il subsiste un balancier entre une intégration complète et une autonomie totale. Le CEMA évoque des réserves plus massives, plus autonomes et mieux territorialisées. C'est l'objectif vers lequel tendra, à terme, la garde nationale.
En 2020, la RO2 représentait 93 000 réservistes répartis comme suit : 64 000 pour les armées, 30 000 pour la gendarmerie nationale et 9 000 pour la police. Les exercices de rappel ne sont pas satisfaisants. Nous n'arrivons pas à contacter tous les réservistes opérationnels de niveau 2, notamment parce que certains ont changé d'adresse ou ne donnent plus signe de vie. Au titre de la garde nationale, je ne m'occupe pas de la RO2 mais je dispose toutefois de quelques chiffres. La période de deux ans après la sortie est importante, car au-delà beaucoup de complications interviennent. Nous ne pouvons pas employer un réserviste qui ne soit pas apte, ne serait-ce que pour sa protection à lui. Il est donc nécessaire d'effectuer à nouveau une visite médicale qui demeurera valable deux ans. Les armées et les services de sécurité intérieure travaillent à l'amélioration de ce dispositif de RO2.
Du côté de la gendarmerie nationale, il existe un système d'information en ressources humaines (SIRH) très performant nommé MINOTAUR. Ce système pilote des expertises, notamment en cyber, au niveau régional pour être au plus proche des entreprises et des ressources. Les armées disposent d'une application qui permet le recensement et propose des modules de compétences. Dans le cadre de la résilience, un écueil demeure s'agissant des ressources humaines à haute valeur ajoutée : en effet, ces effectifs seraient demandés par tous dans n'importe quel type de crise. Cela ne doit pas aboutir à la guerre des talents. Anticiper et capter la ressource le plus rapidement possible et organiser une connaissance mutuelle en dehors de l'engagement est nécessaire. C'est ce qui est fait dans le monde cyber. Cependant, dans certains domaines, comme l'aéronautique, cela pourrait constituer une contrainte. Selon la nature de la crise, beaucoup de spécialités pourraient faire l'objet d'une guerre des talents. Je ne dispose pas du levier de l'emploi, mais les employeurs institutionnels y travaillent.