Intervention de le contrôleur général Hugues Deregnaucourt

Réunion du vendredi 19 novembre 2021 à 10h00
Mission d'information sur la résilience nationale

le contrôleur général Hugues Deregnaucourt, fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) :

Dans l'Ain, nous avons la chance de disposer d'une plateforme commune avec le SAMU, avec des arbres décisionnels communs et des discussions quotidiennes. Il n'existe donc aucune tension entre les deux services, bien au contraire. Nous avons cependant été gênés par les instructions contradictoires qui nous étaient communiquées, nous indiquant par exemple qu'il n'était pas nécessaire de nous protéger pour la raison qu'il s'agissait simplement d'un problème de santé. Or nous avons transporté des personnes dont nous ignorions si elles étaient ou non atteintes du covid-19. Il est difficile, dans ces conditions, de bâtir une doctrine opérationnelle. Par ailleurs, nous nous trouvions au centre d'un modèle organisationnel à double niveau, avec la santé gérée par les agences régionales de santé (ARS) au niveau supra-départemental, et les préfets au niveau départemental. Il y avait un décalage dans les informations détenues par les uns et par les autres, sans aucune coordination. Nous n'étions par ailleurs pas inclus dans la réflexion en matière de soins, alors que le motif des transports que nous assurions était justement le soin, et non l'urgence. Nous avons donc vécu une période initiale de flottement assez difficile. Dans notre cas précis, au SDIS de l'Ain, nous avons la chance d'être soutenus par notre région Auvergne-Rhône-Alpes ; la coordination entre les douze directeurs de SDIS et les préfectures s'est effectuée très rapidement. Lors d'une seconde phase, nous avons commencé à nous coordonner, ce qui a largement facilité notre activité.

Cette période a par ailleurs confirmé la force d'adaptation des sapeurs-pompiers. Il nous aurait été ainsi difficile de prévoir, il y a quelques années, que nous serions un jour amenés à pratiquer des tests de dépistage du covid-19, à vacciner, ou que les SDIS s'équiperaient en gilets pare-balles pour prêter main forte aux forces de sécurité intérieure en cas d'attentat terroriste. Nos professionnels sont disponibles de jour comme de nuit, plutôt pour faire face aux risques courants, là où une présence de masse est nécessaire, sachant qu'il existe des pics selon les périodes de la journée. Nos sapeurs-pompiers volontairespeuvent, quant à eux, participer à ce soin courant mais aussi augmenter notre résilience, en contribuant à la gestion d'événements exceptionnels – inondations, feux de forêt, campagnes de dépistage, etc.

La situation de départ était donc compliquée. La crise sanitaire, gérée de façon monolithique, s'est muée en crise sociétale, assortie d'une gestion interministérielle. La coordination s'est améliorée, pour arriver à une situation où nous tentons d'organiser un retour à la normale, bien que la crise ne soit pas terminée. La question se pose donc de savoir comment nous créons cette résilience, comment nous continuons à assurer l'activité croissante des SDIS. Dix-huit mois après le début de la crise, on constate une certaine fatigue, alors que nos sapeurs-pompiers volontaires ne peuvent pas s'engager davantage : nos limites capacitaires finiront par être atteintes. Pour conclure, je dirai que cette crise est assez révélatrice de l'organisation des secours en France, ainsi que de la gestion des crises et de la résilience des territoires.

On observe parfois chez les pompiers des crises d'identité, associées au sens de la mission, mais à aucun moment les missions de dépistage ou de vaccination n'ont été contestées. Il semblait évident à tous que la priorité était d'aider son prochain. Un simple remerciement à l'issue de la vaccination suffit à donner du sens à leur action.

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