Oui, en partie. Le choc psychologique sur l'opinion publique produit par une attaque terroriste, quelle qu'en soit la nature – assassinat par décapitation, comme pour Samuel Paty, ou attentat dirigé contre une salle de spectacle, comme le 13 novembre 2015 –, crée un traumatisme énorme. Tel est précisément l'objectif des terroristes, qui cherchent à nous diviser. À titre personnel et en tant que coordonnateur national, j'estime que le terrorisme peut porter atteinte à la résilience nationale. C'est en tout cas son but.
Néanmoins, je crois pouvoir dire que cet objectif n'a pas été atteint. À chaque fois, nous organisons des retours d'expérience (RETEX) et nous avons des discussions. Certes, le jeu politique s'invite forcément après un attentat – c'est la règle depuis quelques années, en rupture avec l'espèce de pacte national qui prévalait auparavant – mais le temps de la résilience vient ensuite, notamment celui des RETEX que nous organisons, à la CNRLT, pour déterminer ce qui n'a pas fonctionné et comment améliorer les choses.
Le but des terroristes est clairement de faire en sorte que nous ne soyons plus résilients, de créer de la division et des oppositions, de nous atteindre ainsi bien plus fortement que par l'acte lui-même, le fait terrible de prendre des vies dans de telles conditions. Je pense que la société française a fait preuve de résilience. Nous avons su montrer que nous savions dépasser cela, d'abord en tirant les enseignements du passé et en évitant de tomber dans certaines formes de stigmatisation.
En effet, le résultat recherché est notamment d'entraîner des réactions très violentes d'une partie de la population contre une autre. Cette division, nous avons réussi à l'éviter. Certains groupes d'ultradroite que nous avons démantelés se sont constitués et armés pour être en mesure de se défendre le jour où les islamistes prendraient le pouvoir ou pour répondre à des attaques terroristes. Je ne révèle aucun secret d'instruction, la presse s'en est fait l'écho, et c'est tout à fait exact.
Je considère, je l'ai dit, que nous avons su faire preuve de résilience, que nous continuons à le faire et que nous savons adapter nos dispositifs de façon responsable.