Intervention de Général Yves Métayer

Réunion du mercredi 15 décembre 2021 à 17h30
Mission d'information sur la résilience nationale

Général Yves Métayer, chef de la division « Emploi des forces-protection » de l'état-major des armées :

L'hypothèse d'engagement majeur repose sur un engagement en coalition : nous n'imaginons pas intervenir seuls. La montée en puissance sur six mois est liée au fait que nous estimons que des signaux faibles nécessiteraient, à un moment donné, une décision politique. Dans la construction des contrats opérationnels, la situation opérationnelle de référence (SOR) sollicite les capacités des armées ; si nous devions passer en HEM, il faudrait des ressources complémentaires très importantes. La notion d'efficience, qui repose sur des flux tendus, ne nous permet pas d'avoir en stock de quoi engager l'HEM avec autant de réactivité que l'échelon national d'urgence (ENU). Nous avons estimé qu'il nous faudrait six mois pour monter en puissance les ressources logistiques. Entre la SOR et l'HEM, il y a tout un panel de capacités de réaction. L'ENU permet de mobiliser 5 000 militaires dans un délai de quarante-huit heures à dix jours. C'est un dispositif opérationnel en permanence, mais, pour entretenir un ENU à 5 000 hommes, il faut des ressources assez considérables.

Quant à savoir si nous disposerions de six mois pour déclencher l'HEM, il faudra être capable de réduire le délai de montée en puissance à mesure que grandit la conscience que les menaces se rapprochent. C'est une réflexion qui implique aussi nos partenariats, car nous nous inscrivons dans le cadre de l'Alliance atlantique : l'HEM est la pierre française dans cet édifice. Dans la mesure où nous ne serions pas seuls à supporter l'effort, nous considérons pouvoir disposer de ce temps de latence. Mais je suis d'accord avec vous, plus la perspective d'une crise se rapproche, plus il faut réfléchir à des réponses intermédiaires.

La réponse coercitive n'est pas la seule solution. L'HEM, en tant que bras armé de la nation, est une réponse de nature coercitive à une menace avec, en arrière-plan, l'ombre du seuil nucléaire. Entre la SOR et l'HEM, il existe tout un panel d'attaques que nous pourrions subir et qui nécessiteraient, notamment en cas de stratégies hybrides, des réponses de tout type ne mobilisant pas uniquement des capacités militaires ou de coercition. Nous devons réfléchir à une autre articulation de nos moyens, notamment ceux qui sont prépositionnés, dans le cadre d'une fonction stratégique de prévention repensée.

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