L'État ne peut pas tout faire. Sans doute conviendra-t-il de procéder par paliers pour sensibiliser la population, tant on constate, lorsqu'une crise survient, qu'elle est plutôt encline à mettre en cause les services publics et l'État. L'omnipotence de l'État est dénoncée ou un l'État peut être jugé trop policier, mais une plus grande sécurité et des interventions toujours plus rapides de l'État sont sans cesse réclamées. La résilience de la nation passe par la modification de cet état d'esprit.
Avant que les citoyens puissent se prendre eux-mêmes en charge pour survivre et résister, les armées ont besoin que la population adhère à l'esprit de défense. C'est pour nous le socle indispensable sur lequel nous nous appuyons, y compris lorsque nous sommes en opération loin de la métropole. Il serait désastreux que les Français se désintéressent de leur pays et de ce qu'il représente dans le concert des nations, au point de ne pas vouloir le défendre, non plus que ses valeurs et son modèle. Ce serait très difficile d'être soldat de ce pays-là.
L'étape suivante consisterait, en effet, comme le font les Scandinaves – qui sont pragmatiques –, à demander aux Français de pouvoir tenir seuls par exemple pendant une semaine, en cas de cataclysme, avant que l'État puisse les secourir. Aujourd'hui, un tel discours me semble assez inaudible.