Si cela peut vous rassurer, le fonctionnaire de liaison allemand a indiqué que les réactions avaient été très contrastées. Selon moi, la barrière, dans les mentalités, se situe plus au nord, au niveau du Danemark – voyez la propreté des rues, les drapeaux aux fenêtres, le rapport à l'autorité, le respect de la règle. Une fois cette barrière franchie, en Allemagne ou dans le nord de la France, on observe une dégradation. Les Allemands, qu'on présente souvent comme hyper-rigoureux, ne sont finalement pas si éloignés de nous !
J'en reviens à l'efficience et à la résilience des armées. L'armée n'a pas suffisamment réfléchi à sa capacité de remonter en puissance. Le système a été organisé autour de la projection – 8 000 militaires en opérations extérieures : c'est un chiffre qui ne bouge pas depuis trente ans –, sans que l'on pense la nécessité de disposer de matériels en masse. Ainsi, on préfère acheter un camion tous les cinq ans plutôt que deux camions tous les dix ans – or ils dureraient davantage car on les userait moins. La politique d'emploi et de gestion des parcs (PEGP) repose sur l'idée qu'il faut disposer de moins de matériels mais les utiliser jusqu'au bout. De la même manière, on ne réfléchit pas à la réversibilité des capacités civiles de transport. Tout comme les municipalités pourraient transformer de simples camions en chasse-neige, une fois tous les cinq ans, en y fixant une lame, il faudrait que la défense puisse combiner efficacité et résilience : une armée hypertechnologique mais qui pourrait aussi avoir une action de masse.