Les dirigeants de Sanofi m'ont expliqué qu'ils parvenaient, sur le modèle des États-Unis, à cofinancer de la capacité, soit de stockage de doses de vaccins, soit de production, en prévision d'une nouvelle crise. Pour l'État, c'est mieux que d'avoir à remplir ses propres armoires, mais financer cette capacité demande des investissements.
Il faudrait aussi réfléchir à l'étalement des commandes dans le temps – cela suppose une bonne prévisibilité. Cet étalement permettrait de maintenir les compétences : on voit bien qu'on n'est plus capable de fabriquer un char Leclerc et que, dans le nucléaire civil, des soudeurs doivent à nouveau être formés car aucune centrale n'a été construite ces vingt dernières années.
Quel est votre point de vue sur la dimension interministérielle des questions de défense et sur la façon de lui donner un nouveau tour ? Je pense notamment aux contacts, qui pourraient être renforcés, entre les élèves des grandes écoles – commerce, administration – et la défense. Édouard Philippe a souvent parlé de l'importance de ses relations avec son binôme à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), le général Benoît Durieux. Je pense aussi à la mobilité des militaires au sein de l'administration d'État, qui pourrait être favorisée. Ils pourraient ainsi défendre les politiques de défense, apporter leur vision et leur culture à d'autres corps.
Enfin, le Premier ministre a chargé le SGDSN d'une mission sur la résilience quelques jours après que notre mission d'information a été créée. Nous nous en réjouissons, car nous pourrons ainsi travailler en parallèle et échanger. Avez-vous des attentes particulières à l'égard de ces missions ? Préparer la nation à faire face à un choc majeur prend du temps : avez-vous des propositions quant à la trajectoire à privilégier ?