Nous venons de vivre un énorme séisme. Nous sommes en train de surmonter une crise sanitaire d'une violence extrême ; nous voilà maintenant face à une crise économique et sociale tout aussi terrible. Éric Woerth a rappelé les chiffres, effectivement abyssaux. Celui qui m'a le plus frappé, c'est le nombre de chômeurs supplémentaires enregistrés au mois d'avril : 850 000 ! C'est comme si tous les efforts que nous faisons depuis des années pour lutter contre le chômage avaient été annihilés en un mois.
François Mitterrand estimait que, dans la lutte contre le chômage, on avait tout essayé. Pour ma part, je crois qu'il faut toujours explorer de nouvelles voies ; aussi le groupe Libertés et Territoires soutiendra-t-il cette proposition de loi, pour plusieurs raisons.
Nous avons voté le dispositif massif de chômage partiel proposé par le Gouvernement parce qu'il était nécessaire, mais nous entrons maintenant dans une deuxième phase. Le dispositif proposé par le président Woerth est intéressant, d'abord parce qu'il est limité dans le temps, ensuite parce qu'il a le mérite de faire comprendre à nos concitoyens que l'activité économique doit repartir – sans production, par de redistribution –, enfin parce qu'il évitera des déconvenues aux salariés. Avec la baisse de la prise en charge du chômage partiel par l'État, le retour dans l'entreprise est l'assurance d'une rémunération : c'est donc une bonne chose pour le pouvoir d'achat. Par ailleurs, le chômage partiel a certainement donné lieu à des abus de la part de certains employeurs : la présidente Brigitte Bourguignon a posé une question très pertinente à ce sujet ; il nous faudra vérifier tout cela.
Au début de la crise, nous nous sommes félicités de ce que notre pays était capable de redistribuer mais, à présent, il faut impérativement que l'activité économique reparte. Le groupe Liberté et Territoires soutiendra cette mesure, qui ne coûtera pas plus cher que le dispositif actuel, jusqu'alors tout à fait justifié ; mais nous arrivons à une nouvelle phase, à nous de l'accompagner.