Quand j'observe la crise actuelle et les réactions des uns et des autres à la proposition de loi, je me demande ce qu'il nous faudra, collectivement, pour admettre que le temps est venu de changer en profondeur de modèle. Je ne sais pas quelle est l'ampleur de la catastrophe qu'il faudrait pour y parvenir... La crise du covid-19 n'était peut‑être pas prévisible, mais nous savons que d'autres crises, d'une autre dimension, nous attendent, notamment la crise écologique dont il est aussi question dans le texte. Jusqu'à quel point devrons-nous nous approcher du mur avant d'admettre qu'il faut changer de trajectoire, en prenant un virage qui n'a certes rien de confortable mais qui est nécessaire ? On parle beaucoup, depuis le déconfinement, de la nécessité de relancer la machine mais on s'interroge assez peu sur le reste : quelle machine veut-on relancer, à quelles conditions et pour quoi faire ?
La proposition de loi déposée par Pierre Dharréville pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine a l'avantage, majeur, de traiter deux réalités auxquelles nous serons confrontés : d'abord, l'inévitable deuxième vague économique et sociale que nous allons connaître, notamment en matière d'emploi – le Président de la République souhaite que les Français achètent des voitures, mais ils sont davantage soucieux, à l'heure actuelle, de conserver ou de trouver un emploi ; ensuite, la nécessité d'organiser la bifurcation de notre modèle économique, au service de la transition écologique, qui est impérative.
La crise nous montre que nous avons besoin de l'État plutôt que du laisser-faire du marché, de la coopération et de l'entraide plutôt que de la compétition généralisée, de la souveraineté et de la relocalisation des activités essentielles plutôt que du grand déménagement du monde qui se poursuit en plein cœur de la crise du covid-19 avec la conclusion de traités de libre-échange. Il faut, au lieu de relancer la même vieille machine, en changer : telle doit être la conclusion de ce que nous vivons. La crise est certes tragique, mais elle peut constituer une véritable opportunité, d'autant que la France dispose des atouts, des savoir-faire et des compétences nécessaires pour réaliser la bifurcation qui s'impose.
Ce texte est un modeste mais néanmoins nécessaire point de départ. Notre commission s'honorerait de l'adopter plutôt que de le balayer d'un revers de main. Le groupe La France insoumise soutient cette bonne proposition de loi.