Respectivement de 1968, 1973 et 2007. Pourtant, ces lignes auraient pu être écrites hier par vous-même, madame la ministre. Finalement, depuis cinquante ans, les gouvernements font toujours le même constat : l'université est la voiture-balai de l'enseignement supérieur, elle échoue à insérer les diplômés dans la vie professionnelle, elle génère abandon et échec en premier cycle. Et depuis cinquante ans, ils appliquent les mêmes recettes : la sélection, la professionnalisation, « l'adéquationnisme ».
Cette interprétation des faits et des remèdes à y apporter, qui découle d'une vision libérale de la société, permet en vérité de justifier des réformes qui désengagent progressivement l'État. Et cela s'est concrétisé en deux temps : d'abord par la mise en place de l'autonomie des universités et de leur régionalisation, puis, dans un mouvement apparemment contradictoire, par le regroupement autour de pôles d'excellence. Il y a néanmoins une constante dans ce processus libéralisant : l'entrée progressive du grand capital dans le monde universitaire.