Nous voici au coeur de votre projet pour l'université, madame la ministre ! Sous prétexte d'en finir avec un tirage au sort injuste appliqué aux quelques filières les plus demandées, il instaure clairement une sélection injuste à l'entrée dans toutes les filières de l'enseignement supérieur. Comme l'a rappelé notre collègue Sabine Rubin, il supprime le droit fondamental de chaque étudiant – dès lors qu'il a obtenu son bac, qui est déjà un filtre – de choisir ou d'explorer sa voie.
Ce projet de loi repose sur des mensonges. Notre système fonctionne mieux que la moyenne de l'OCDE : le taux d'échec y est de 19 % contre une moyenne de 30 %. Dès lors, comment nier le risque évident de discrimination ? Votre projet de loi prend acte de la fin du baccalauréat national. Le lycée d'origine sera le premier critère – inavoué – de sélection. La suite consistera à mettre en place les filières d'excellence, l'université à deux vitesses puis les frais d'inscription libres.
Vous prenez le problème à l'envers et vous le savez très bien, madame la ministre. D'ici 2025, 40 000 étudiants supplémentaires se porteront candidats à une formation supérieure chaque année, soit l'équivalent de l'université de Nantes. Que ferons-nous de ceux à qui l'on claque la porte au nez car ils ne fréquentent pas les meilleurs quartiers, donc les meilleurs lycées ? Vous n'en savez rien et vous vous en fichez !