Je ne perçois pas comme un risque la situation évoquée par Mme Bono-Vandorme, car on constate aujourd'hui une vraie porosité entre l'active et la réserve. Je n'ai pas de chiffres précis à vous fournir sur ce point, mais il est courant que certains jeunes intègrent la réserve dans l'idée de passer ensuite à l'active – au secrétariat général de la garde nationale, je connais deux jeunes qui se sont engagés dans l'active de cette manière. À l'inverse, il y a évidemment beaucoup de personnels d'active qui deviennent réservistes à l'issue de leur temps, comme on les y encourage. De mon point de vue, l'existence de ces passerelles est une réelle opportunité.
Nous avons effectivement des objectifs ambitieux en matière de cyberdéfense, ce qui implique de constituer une réserve conséquente dans le domaine de la cybersécurité. Nous avons pour objectif de recruter 400 réservistes opérationnels au titre de la garde nationale et de 4 000 réservistes citoyens de défense et de sécurité. Le général Bonnet de Paillerets, qui a succédé récemment à l'amiral Coustillière au poste d'officier général cyber, s'est vu confirmer ces objectifs ambitieux. D'une manière générale, les objectifs des armées le sont aussi, et nous devrions les atteindre collectivement pour disposer fin 2018 de 40 000 réservistes opérationnels, comme le prévoit la loi de programmation militaire.
Pour ce qui est de l'attractivité, les commandements, directions et services entreprennent effectivement des démarches proactives, notamment pour certains métiers très techniques. Ainsi, la direction du service de santé des armées passe des conventions avec les universités afin de recruter des réservistes dans le domaine de la santé – et je sais que les commissaires des armées en font de même à chaque fois qu'il s'agit d'aller chercher des ressources rares là où elles se trouvent.
Parallèlement, certains spécialistes du monde civil s'intéressant à la garde nationale vont conclure avec elle des conventions ou des chartes d'engagements réciproques – j'ai moi-même signé récemment l'une de ces chartes avec le barreau de Paris, en vue de recruter les juristes dont nous avons besoin parmi les avocats, qui sont nombreux à vouloir s'engager au sein de la garde nationale.
Enfin, M. Fiévet a évoqué le fait que la garde nationale soit placée sous l'autorité conjointe des ministères des Armées et de l'Intérieur, en se demandant s'il ne serait pas préférable de la rattacher à une administration centrale. J'estime que la structure transverse actuelle répond idéalement à nos besoins dans le sens où elle permet de dynamiser des objectifs communs – tel le besoin de renforcer la notoriété de la garde nationale ou de mettre en place des mesures d'attractivité – en nous donnant les moyens de le faire, mais aussi de conclure des partenariats. Surtout, j'estime qu'une telle disposition est essentielle en ce qu'elle laisse les réservistes de la garde nationale aux mains de ceux qui les emploient directement sur le terrain, ce qui est extrêmement important en termes d'efficacité, comme on a pu le voir à Marseille en octobre dernier, mais aussi lors des attaques commises à Orly et au Carrousel du Louvre en début d'année : sans la réserve, l'active ne serait pas en mesure de remplir ses contrats opérationnels et, inversement, sans l'active la réserve perdrait une grande part de son efficacité. Cette intégration forte est essentielle pour le bon fonctionnement de l'ensemble.