Je suis un peu gêné par la manière dont notre collègue du groupe Les Républicains pense que tout ce qui est proposé ou fait est irréaliste. Je pense que la meilleure façon de savoir si cela fonctionne sera de le mesurer. C'est la raison pour laquelle nous proposons que les trois commissions concernées et l'OPECST effectuent une telle mesure courant 2021.
Je rappelle également qu'un chef de projet « glyphosate » a été nommé. Sa feuille de route a été annexée au rapport d'information. Il lui est demandé, dans un premier temps, de se saisir des interdictions d'usage et de regarder, filière par filière, au vu des interdictions d'usage pour 2021, quelles sont les difficultés. Un travail interactif et sûrement itératif pourra en découler.
Votre jugement me semble donc un peu dur, notamment votre affirmation selon laquelle les rendements seront amoindris. Je pense qu'il faut faire attention en manipulant la question des rendements. Elle est liée à la météorologie, à la sécheresse et aussi à des problèmes de pollution à l'ozone. Je vous invite à ce sujet à lire le rapport récent d'analyse économique des impacts de la pollution atmosphérique de l'ozone sur la productivité agricole et sylvicole en France APollO Ozone. Les agriculteurs sont coresponsables de la génération de l'ozone par leurs activités et en sont en même temps les premières victimes. L'ozone implique des baisses des rendements agricoles de 15 %, 20 % ou 30 %. Il s'agit pour moi d'un sujet pas très médiatisé aujourd'hui mais qui est un sujet majeur pour l'agriculture, notamment pour les cultures de céréales et de maïs.
Nous devons faire attention à ne pas être trop affirmatifs sur les conséquences d'un certain nombre de sujets alors que, à côté, d'autres sujets tout aussi importants peuvent venir largement gêner nos rendements agricoles. Je pense qu'il faudra vraiment mesurer. MM. Julien Dive, Jean-Baptiste Moreau et moi-même avons toujours été aussi objectifs que possible sur les mesures et les observations. Nous continuerons à étudier ceci avec les ministres et la profession, notamment le chef de projet « glyphosate ».
Je suis assez d'accord avec M. Nicolas Turquois lorsqu'il dit que l'état d'esprit a changé. Nous l'avons constaté et je l'ai vu dans ma circonscription avec des agriculteurs, des viticulteurs et des céréaliers.
S'agissant de ce que disait M. Dominique Potier sur l'agriculture de conservation des sols, je comprends qu'il soit possible de croire, en extrayant certaines phrases de nos propos, que nous associons cette agriculture et le glyphosate. En réalité, ce n'est bien entendu pas le cas. Il faut aller vers une agriculture de conservation des sols sans glyphosate mais, aujourd'hui, la pratique de l'agriculture de conservation des sols – qui concerne tout de même 10 % de la surface agricole utile – comporte, dans la colonne négative, l'usage du glyphosate et, dans la colonne positive, le fait que la fixation du CO2 est beaucoup plus importante grâce au couvert végétal permanent, et parce qu'elle utilise en moyenne trois fois moins de carburant et que le sol est beaucoup moins tassé.
Je vous invite à faire un test, comme je l'ai fait dans ma circonscription où des champs de maïs étaient voisins. Bêchez un champ de maïs en agriculture de conservation des sols, en agriculture biologique et en agriculture conventionnelle ; il n'y a « pas photo », le sol qui a le meilleur aspect, la meilleure biodiversité, qui est le plus aéré est celui en agriculture de conservation des sols.
Nous pensons, de ce que nous avons observé, que l'agriculture de conservation des sols doit aussi évoluer mais qu'elle mettra probablement plus de temps à pouvoir se passer du glyphosate que d'autres types de culture. Des cas d'agriculture de conservation des sols sans glyphosate m'ont certes été signalés. J'irai me rendre compte par moi-même car ce sont des agriculteurs que je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer même s'ils sont installés dans mon très beau département du Rhône, mais pas dans ma circonscription. Je pense que le sujet doit être creusé. Nous n'établissons pas d'association entre ce type d'agriculture et l'usage de glyphosate, nous disons juste qu'il faut faire attention pour ce type d'agriculture.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que disait M. Antoine Herth sur la séquestration du carbone. C'est un sujet majeur, abordé dans un rapport de l'OPECST rendu au mois de juillet par mon collègue sénateur Roland Courteau et moi-même : L'agriculture face au défi de la production d'énergie. Nous y avons réservé une partie à la problématique de la séquestration du carbone. Je trouve que l'idée de notre collègue Antoine Herth d'une mission exploratoire sur le sujet est très intéressante.