Intervention de Jean Bassères

Réunion du mercredi 16 décembre 2020 à 9h05
Commission des affaires sociales

Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi :

Merci aux intervenants qui ont souligné l'engagement des agents de Pôle emploi, ils y seront très sensibles. La manière dont la représentation nationale s'exprime à leur propos est d'une grande importance à leurs yeux.

Monsieur Michels, nous souhaitons poursuivre les actions que nous menons en direction des métiers du BTP et des métiers du grand âge et du soin. Nous progressons sur ces sujets, et quelles que soient les évolutions en 2021, ces secteurs connaîtront des tensions sur le recrutement ; il est très difficile de se projeter, mais nous allons continuer à apporter un soutien important aux secteurs en tension.

Pour l'instant, peu de personnes bénéficient du dispositif mis en place pour les indépendants, qui ne concerne que sept cents à mille personnes. Je ne suis donc pas en mesure de vous apporter des éléments sur les accompagnements spécifiques mis en place. La question a été posée par le Gouvernement, et nous serons à l'écoute de ses décisions.

Monsieur Perrut, en plus des 250 millions d'euros prévus au plan de relance et de l'AIJ, des accompagnements sont prévus dans le cadre du PIC. Les crédits supplémentaires pour des actions financées par Pôle emploi représentent entre 300 et 400 millions d'euros cette année. Je n'ai aucune inquiétude quant aux moyens de Pôle emploi en 2021, qu'il s'agisse des effectifs ou des crédits budgétaires. Le vrai problème, vous avez raison, se posera pour 2022, avec un risque significatif d'impasse budgétaire lié à notre mode de financement.

Nous sommes également très attentifs au lien humain et au contact physique ; c'est pourquoi nous avons plaidé pour que nos agences restent ouvertes pendant le confinement. Nous avons besoin de présence physique pour certains entretiens, et la richesse de Pôle emploi ne tient pas uniquement à ses outils digitaux, mais aussi à son réseau physique. Les deux aspects ne s'opposent absolument pas, nous sommes tout comme vous convaincus que l'accompagnement requiert parfois un contact physique.

La mesure dans laquelle le PIC pourrait bénéficier à des salariés en reconversion dépasse mon champ de compétence. Je comprends cette logique, des dispositifs « Transitions Pro » vont se mettre en place ; mon seul souci est que cela ne se fasse pas au détriment des demandeurs d'emploi. Pendant de nombreuses années, les demandeurs d'emploi en France ont souffert de l'insuffisance des moyens budgétaires consacrés à la formation en comparaison de nos voisins européens ; le PIC a été un moyen d'y remédier. Nous ne devons pas abandonner cette perspective, l'approche par les compétences est indispensable pour les demandeurs d'emploi.

Madame de Vaucouleurs, s'agissant du SPIE, des appels à projet vont effectivement être publiés dans les jours à venir. Nous y sommes très favorables, mais Pôle emploi n'y est qu'un acteur parmi d'autres. Il ne me choque pas du tout que le rôle de Pôle emploi dans les différents territoires ne soit pas le même selon l'organisation qui sera retenue. Le SPIE suscite de ma part deux préoccupations : premièrement, le diagnostic en entrée est une question centrale, et tout ce que pourra faire Pôle emploi pour enrichir ce diagnostic porté sur des personnes confrontées à des freins sociaux et professionnels sera une bonne chose ; c'est du reste l'objectif de l'appel à projets sur le SPIE. Deuxièmement, nous avons tout intérêt à retenir des outils assez simples : si tous les acteurs de l'écosystème – Pôle emploi, missions locales, structures d'insertion – avaient connaissance des places disponibles dans les structures d'insertion économique, ce serait déjà un progrès considérable. Plutôt que d'entrer dans des débats philosophiques sur la gouvernance, privilégions une approche centrée sur les outils et les besoins concrets. Nous serons engagés dans cette dynamique ; il a du reste été recommandé que les projets soient examinés au préalable par différents acteurs, dont Pôle emploi.

Monsieur Aviragnet, je pense avoir déjà répondu à certaines de vos préoccupations. Nous ne sommes pas confrontés à un afflux de demandeurs d'emploi : les mouvements que nous observons concernent des personnes qui sont déjà inscrites à Pôle emploi. Il n'y a pas un flux d'inscriptions nouvelles, l'augmentation des charges est causée par l'accompagnement des personnes qui changent de catégorie. Nous sommes encore protégés par le bouclier de l'activité partielle. La question pourrait se poser pour 2021 ; mais s'il est une chose que j'ai apprise en neuf ans de mandat, c'est que les prévisions sur le marché du travail sont toujours périlleuses... Pour l'heure, nous avons les effectifs et les moyens pour faire face à la crise telle que nous la connaissons ; si demain nos charges augmentent fortement, il faudra nous adapter au vu des évolutions.

Monsieur Christophe, merci d'avoir mentionné l'expérience « Réussir sans attendre » menée dans le département du Nord : les relations entre Pôle emploi et ce département sont parmi les plus efficaces, car nous avons réussi à créer une relation partenariale de confiance qui dépasse les rapports habituels. Elle a commencé autour de l'accompagnement global, comme dans les autres départements, puis s'est enrichie de nombreuses initiatives. C'est un bon exemple de collaboration intelligente et efficace. Cette relation tient aussi beaucoup aux personnes, et je veux saluer la vice-présidente et le président du département, qui sont très impliqués, et les collaborateurs de Pôle emploi.

Le logement est une préoccupation importante, nous essayons de travailler avec Action Logement et des bailleurs sociaux. Nous sommes disposés à renforcer ces actions avec les départements qui ont des capacités en la matière. La problématique du logement est souvent un frein à la reprise d'un emploi : tout ce qui peut être fait dans ce domaine doit l'être.

Monsieur Ratenon, il m'est difficile de vous répondre car les situations dans les outre-mer sont très diverses. Les Antilles ont une croissance démographique très faible ; à La Réunion ou en Guyane, on a affaire à deux univers radicalement différents. Nous tâchons de tenir compte de la diversité, et de nous assurer que l'allocation des ressources aux équipes de Pôle emploi tient compte de l'évolution des charges de travail. Nos redéploiements entre régions sont fonction de nos éléments de mesure de l'activité : cette année, comme l'année dernière, la Guyane, La Réunion et Mayotte vont bénéficier de renforts ; ce sera moins le cas dans les Antilles.

Nous devons nous adapter à la réalité des territoires. Pôle emploi est bien présent dans le tissu économique à La Réunion, où nous avons accompagné des périodes de grands travaux qui posaient des problèmes de recrutement. Il faut réfléchir aux possibilités de participation des services territoire par territoire ; ma responsabilité, comme celle de tous ceux qui sont à la tête d'un réseau national, est de m'assurer que personne n'a été oublié. Je suis ainsi convaincu que Mayotte est un territoire auquel toutes les institutions de la République doivent accorder une grande attention.

Beaucoup d'expérimentations originales de Pôle emploi ont été lancées dans les outre-mer : c'est notamment le cas des contrats aidés, qui ont été imaginés en Guadeloupe avant d'essaimer sur l'ensemble du territoire.

Madame Dubié, je vous remercie de rappeler que ce sera mon quatrième mandat... Les personnes qui travaillent comme extras dans l'hôtellerie et la restauration sont durement frappées par les fermetures administratives, mais elles n'envisagent pas de reconversion professionnelle. Et cela vaut mieux, car le jour où ces secteurs repartiront – ce qui peut être rapide –, ils auront besoin de ces travailleurs : il ne faut pas créer des tensions supplémentaires dans des secteurs qui étaient déjà en tension. Pour ces personnes, les pouvoirs publics apportent une réponse sous la forme d'une aide financière. Notre activité consiste à profiter de cette période pour leur proposer des formations, afin qu'ils montent en compétence tout en restant dans leur secteur d'activité.

Les personnes en fin de droits feront l'objet d'une aide en cours de finalisation par le Gouvernement. Elle devrait viser les personnes victimes de la baisse des contrats courts, et sera sans doute versée par Pôle emploi.

S'agissant des volontaires du service civique, vous faites sans doute allusion à une émission de télévision récente qui, comme toujours, présente une vision très orientée. Je peux affirmer que selon les années, 3 000 à 4 000 volontaires effectuent leur service civique à Pôle emploi. Leur travail correspond à la mission du service civique, puisqu'ils sont exclusivement là pour aider les personnes en difficulté avec les outils numériques. Il s'agit bien de faire du lien social, et pas du tout un travail de conseiller Pôle emploi : il suffit d'aller dans une agence pour voir que ce n'est pas la même chose. Je vous rassure : les 2 150 recrutements effectués correspondent bien à des postes de conseillers de Pôle emploi en CDD de dix-huit mois ; ils ne prenant pas du tout en compte le service civique, et je vous remercie de me permettre de le préciser.

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