Madame la présidente, mesdames, messieurs les députés, je nous souhaite une année 2021 chargée de travail – je n'ai aucune peine à imaginer qu'elle le sera, et pour vous, et pour moi et mes équipes –, en espérant que nous pourrons parler d'autre chose que de santé : cela signifierait que nous avons franchi un cap dans la lutte contre le virus.
Depuis bientôt un an, la France, comme tant de pays dans le monde, est confrontée à une épidémie d'une grande brutalité. Les efforts consentis par la nation ont été et demeurent immenses, tout comme ceux consentis par nos soignants, à qui je veux dire, une fois encore, toute ma gratitude. Le nombre moyen des contaminations quotidiennes reste élevé dans notre pays : il était d'environ 10 000 à 11 000 début décembre et il est actuellement d'environ 18 000 ; le plateau est haut et monte légèrement, avec des disparités territoriales. Je tenais à le souligner, même si vous ne m'avez pas convié pour dresser le bilan de l'épidémie.
Nous franchissons une nouvelle étape dans notre combat contre le virus, une étape que nous espérons décisive et qui nous permet d'entrevoir enfin une sortie possible de la crise, à l'échelle du pays et de la planète.
Alors que la recherche a tenu toutes ses promesses et réalisé la prouesse de trouver, en quelques mois seulement, un vaccin contre le virus, il nous revient de déployer ce vaccin dans les meilleures conditions possibles. Nous ne naviguons pas à vue. Une stratégie a été définie par la Haute Autorité de santé (HAS) qui, je le rappelle, est indépendante.
Il y a quelques semaines, l'Assemblée nationale et le Sénat ont débattu de la stratégie vaccinale dans le cadre de l'examen d'une proposition de résolution. Le 7 décembre, les présidents de l'ensemble des groupes parlementaires ont été réunis par le Premier ministre pour évoquer la stratégie vaccinale, alors en construction. Hier, le comité de liaison a de nouveau rassemblé les présidents des groupes des deux assemblées pour faire le point sur l'épidémie et sur la campagne de vaccination ; j'étais moi-même présent à cette réunion qui a duré près de quatre heures. Depuis plusieurs semaines, l'OPECST effectue un travail de grande qualité sur le suivi du déploiement de la vaccination. Cette audition m'offre l'occasion de remercier les différents rapporteurs de ces travaux pour le soutien qu'ils ont apporté et renouvelé à la stratégie de vaccination gouvernementale.
Je me réjouis d'être devant vous pour répondre à vos questions. Je m'efforcerai d'être bref dans mon propos introductif et concis dans les réponses que je vous apporterai, compte tenu de l'heure et du temps dont nous disposons.
Des publics prioritaires ont été identifiés, au premier rang desquels figurent les personnes âgées vulnérables qui vivent dans des établissements collectifs tels que les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), où le virus, lorsqu'il y pénètre, fait de nombreux dégâts. Les résidents de ces établissements représentent 1 % de la population et plus d'un tiers des cas graves conduisant au décès. Leur vaccination est donc la priorité des priorités.
Nous avons par ailleurs accéléré, amplifié et simplifié les procédures de vaccination, en suivant l'avis des scientifiques, grâce au recul dont nous disposons. Je participais, juste avant de vous rejoindre, avec des responsables des autorités sanitaires et scientifiques, à l'une des conférences téléphoniques au cours desquelles nous discutons, au fur et à mesure que les informations nous parviennent du monde entier, des procédures et des normes en vigueur ainsi que des moyens qui peuvent nous permettre de continuer à amplifier et simplifier le dispositif.
Les fédérations d'EHPAD nous avaient demandé un peu de temps, la période des fêtes n'étant pas propice au recueil du consentement des personnes fragiles, en perte d'autonomie et souvent dans l'incapacité de consentir elles-mêmes à la vaccination. Nous le savons, l'adhésion des personnes est l'un des enjeux prioritaires de la campagne de vaccination. Rien ne serait pire, en effet, que d'intervenir dans un EHPAD où, les esprits n'étant pas préparés, on ne pourrait vacciner que 20 % ou 30 % des résidents. Nous souhaitons évidemment protéger le plus grand nombre possible de personnes âgées, pour que la vie puisse reprendre dans les EHPAD et dans le reste du pays.
Notre stratégie n'a donc pas changé, non plus que les priorités. Le calendrier, en revanche, a été accéléré. Notre objectif est clair : nous souhaitons avoir vacciné plus d'un million de Français à la fin du mois de janvier et pouvoir proposer la vaccination en priorité aux 15 millions de personnes qui composent le public le plus fragile au regard du risque viral, c'est-à-dire les personnes âgées, quel que soit leur état de santé, et les personnes plus jeunes souffrant de comorbidités qui les exposent à un risque particulier de développer des formes graves de la maladie.