Intervention de Olivier Véran

Réunion du mardi 12 janvier 2021 à 12h00
Commission des affaires sociales

Olivier Véran, ministre :

Je répondrai de manière très brève aux nombreuses questions qui viennent de m'être posées.

Les ambulanciers et les aides à domicile de plus de 50 ans figurent d'ores et déjà dans la liste des publics vaccinables. Cette information a été communiquée à toutes les organisations, dans tout le pays. S'il subsiste le moindre doute, monsieur le député, vous pourrez le lever.

Par ailleurs, l'association de tous les soignants, qu'ils soient libéraux en ville, dans le secteur médical ou paramédical ou celui de la santé au travail, est souhaitée et souhaitable, pour mener la campagne de vaccination au fur et à mesure qu'arrivent des vaccins et que se diversifient les modalités de vaccination. Nous ne refuserons aucune aide et nous voulons nous appuyer sur les réseaux solides et déjà en place, qui font que la France peut s'enorgueillir de son système de santé.

Dans le Var, madame la députée, plusieurs centres de vaccination sont d'ores et déjà opérationnels et d'autres ouvriront bientôt. Renseignez-vous : le Var vaccine depuis plus d'une semaine. Je peux vous communiquer les chiffres, si vous voulez. Plusieurs centres sont déjà ouverts pour les professionnels de santé de ville, comme pour les hospitaliers. Ils seront amenés à recevoir également les personnes de plus de 75 ans. Nous voulions cent centres de vaccination en France la semaine dernière, nous en avons eu deux cents à la fin du week-end. Nous en voulions trois cents cette semaine, je pense que nous aurons dépassé l'objectif dimanche prochain. Nous voulions six cents centres d'ici deux semaines, nous en aurons sans doute bien davantage. Au fur et à mesure qu'ils ouvrent et sont validés en fonction de la cohérence territoriale, nous pourrons renforcer les moyens de vacciner dans les territoires.

Pour ce qui est de l'approvisionnement de ces centres en vaccins, je réunis cet après‑midi les cent hôpitaux pivots de France et les directions générales des ARS pour affiner leurs besoins, ajuster les envois et leur communiquer la quantité de vaccins qu'ils recevront, semaine après semaine.

Je l'ai annoncé mais nous renforcerons la communication autour de cette nouvelle : un système de prise de rendez-vous par internet et par téléphone sera ouvert, dès jeudi, aux personnes de plus de 75 ans qui vivent à leur domicile. Pas moins de cinq millions de Français sont concernés. Nous n'avons pas encore les cinq millions de doses nécessaires – aucun pays européen ne les a, d'ailleurs. Chacun peut aisément comprendre que tout le monde ne sera pas vacciné le lendemain de l'ouverture des centres. Soyons clairs : nous faisons notre possible pour que les vaccins arrivent en France et soient acheminés vers les centres de vaccination, mais la vaccination de ce public, particulièrement vulnérable, qui est une étape essentielle, prendra plusieurs semaines. Rien ne serait pire que d'assister à une ruée vers le vaccin. Cela ne ferait que générer anxiété et désappointement. Je vous le dis tranquillement : nous disposons, aujourd'hui, d'un million de vaccins pour protéger les publics prioritaires. Les doses arrivent, semaine après semaine – 500 000 doses par semaine dans un premier temps, puis 1 million de doses par semaine, et enfin plusieurs millions de doses par semaine en février si, comme je l'espère, d'autres vaccins sont mis sur le marché. Nous arriverons à protéger cette partie importante de notre population, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Nous allons commencer par inviter les Français qui le souhaitent à prendre rendez-vous. Les soignants de tous les centres feront le maximum pour répondre aux demandes, mais la vaccination s'étalera dans le temps.

Faut-il que les élus se fassent vacciner pour donner l'exemple ? Je vais vous donner mon avis. Je ne dis pas que j'ai raison et peut-être ne serez-vous pas d'accord avec moi mais il me semble, après ce que je viens de vous dire, qu'un élu exemplaire attendra son tour. Je suis médecin, ministre de la santé, âgé de moins de 50 ans : je ne me fais pas vacciner. Mais je peux vous assurer que le jour où la vaccination sera ouverte aux soignants de moins de 50 ans ou aux personnes de moins de 50 ans, je serai ravi d'aller me faire vacciner pour me protéger contre ce virus que je n'ai pas attrapé et que je ne souhaite pas contracter. L'exemplarité, c'est attendre son tour, calmement, avec compréhension, en continuant à se protéger et à protéger les autres.

J'en viens à la ruralité. Parce qu'elle est au cœur de nos préoccupations, monsieur le député, j'ai choisi de ne pas transformer de grands gymnases ou de grands stades de football en centres de vaccination mais d'ouvrir des centres de vaccination en partenariat avec les élus, y compris dans les territoires ruraux. Je me suis rendu dans les Hautes-Pyrénées pour me rendre compte de la manière dont les choses s'organisaient et m'assurer que chacun pourrait se faire vacciner.

Revenons à la question des personnes âgées à la maison. Depuis le début de la crise, nous nous appuyons sur la capacité des soignants à se mobiliser et à innover. On ne va pas arrêter de le faire au moment de la vaccination ! Je citerai l'exemple de Grenoble, que je connais bien. Le conseil départemental de l'Isère de l'ordre des médecins a ouvert des créneaux de vaccination après 18 heures et jusqu'à tard dans la soirée pour permettre aux soignants et aux médecins libéraux d'aller se faire vacciner, une fois leur longue journée de travail achevée. Des binômes ont été imaginés en prévision de la vaccination à domicile. Des élus locaux, qui connaissent bien la population âgée et fragile pour lui avoir régulièrement rendu visite les mois d'été et vérifié qu'elle s'hydratait correctement, ont proposé d'utiliser les moyens de transport dont ils disposent pour aller la chercher et la conduire dans les centres. Ce sont de bonnes initiatives ! Pardonnez-moi d'être taquin mais on n'a pas besoin d'un guide de quarante pages pour expliquer aux élus ou aux médecins comment s'organiser.

Nous mobilisons tous les laboratoires du territoire national et européen pour produire des vaccins développés par d'autres laboratoires. Trois laboratoires en France sont concernés : Delpharm, Recipharm et Fareva pour produire les vaccins conçus par Pfizer, Moderna et CureVac. L'enjeu est crucial.

La HAS n'a pas encore reconnu aux moins de 50 ans de bénéfice individuel direct à se faire vacciner. La vaccination ne leur est donc pas encore ouverte – de toute manière, ils ne seraient pas prioritaires. En revanche, nous allons ouvrir la vaccination aux Français de moins de 75 ans qui souffrent de maladies les exposant à des risques particuliers de forme grave. Le professeur Alain Fischer finalise la liste de ces maladies, selon des indicateurs scientifiques et sanitaires. Ce n'est pas le ministre qui décide.

Enfin, s'agissant du variant sud-africain, nous suivons de près l'évolution de la situation aux Comores. Je ne sais pas si on peut relier l'apparition de ce variant et l'aggravation de l'épidémie, mais on ne peut pas l'exclure. Vous avez souligné, monsieur le député, la proximité entre les Comores et Mayotte, Mayotte et La Réunion, La Réunion et la métropole. De toute manière, dès lors que les Comores ou Mayotte sont touchés, nous devons prendre des dispositions. Les chercheurs et les médecins se sont attaqués au séquençage du génome du coronavirus pour détecter la présence du variant en métropole ou dans les territoires ultramarins. Nous faisons le maximum pour empêcher la diffusion du variant sud‑africain, mais aussi celle du variant anglais. Cela dit, il n'est pas très cohérent d'appeler un variant du nom d'un pays. La grippe espagnole n'avait ainsi rien d'espagnol puisqu'elle venait sans doute de Chine : c'est simplement parce que l'Espagne fut la première à la découvrir qu'elle dut supporter pendant un siècle qu'une maladie porte son nom.

Je ne serai pas plus long. Je vous remercie pour vos questions qui furent utiles. J'espère que mes réponses vous auront rassurés ou confortés et qu'elles auront permis de mieux informer les Français de cette campagne de vaccination.

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