Intervention de Frédéric Serein

Réunion du mercredi 3 février 2021 à 17h00
Commission des affaires sociales

Frédéric Serein, directeur général de Nehs Digital (KelDoc) :

. Je reviens sur la façon d'acheter, et je confirme ce qui a été dit. Nous avons été sélectionnés au travers l'UGAP, et c'est le canal administratif de contractualisation.

J'ai bien noté la question sur l'amélioration de l'offre rurale. La télémédecine n'en est de toute évidence qu'à ses débuts, et dispose d'un grand potentiel pour désenclaver les territoires ruraux, qui ne disposent pas toujours d'une offre de soins complète et d'expertises et de proximité. Le sujet est aujourd'hui beaucoup plus organisationnel que technologique. Tous les jours, nous proposons et nous essayons, à travers les maisons de santé pluridisciplinaires ou d'autres dispositifs, d'apporter la capacité d'accéder aux informations, c'est-à-dire de pouvoir disposer de ce que nous appelons les constantes et les diagnostics, qui permettent à un centre ou un praticien de référence éloigné de prendre en charge la pathologie et son suivi grâce aux outils numériques. Ce suivi peut être partagé avec un praticien de proximité, en améliorant ainsi le parcours de soins. Ce dernier étant entendu, comme l'un d'entre vous l'a dit, en fonction des nouvelles politiques médicales 4P ou 5P, c'est-à-dire avec une logique de soins, bien sûr, mais aussi de prévention et des questions participatives.

Ce qui me permet de faire le lien avec la déshumanisation, pour aller dans le sens de ce qui a été dit. Tout ce qui est lié à la télémédecine et à la téléconsultation constitue pour nous un complément à la médecine classique. Nous savons très bien qu'il y aura toujours besoin, en général au début, d'un contact visuel et tactile. Il fait partie des éléments de diagnostic vitaux. Cependant par la suite, en suivi de pathologie chronique ou de grand âge, il est tout à fait possible de compléter la médecine classique avec de la télémédecine. Au lieu de déshumaniser, cela permet de garder un lien avec le patient, qui est souvent plus isolé. La problématique est souvent plus marquée en campagne que dans les villes, et dans les villes plutôt pour des personnes âgées ou isolées.

Nous sommes là plus sur une question d'organisation de l'offre de soins et de prise en compte des outils numériques que d'opérateurs. Aujourd'hui, nous savons adresser peu près l'ensemble des pathologies. Nous sommes ainsi en mesure de couvrir près de quarante spécialités, ce qui commence à englober un nombre conséquent de pathologies. L'idée est plutôt d'organiser le système de santé pour optimiser ce que sait faire l'outil numérique en garantissant la sécurité et la protection des données. Nous n'y revenons pas, nous savons tous que c'est un prérequis.

Je laisserai Doctolib répondre à propos de la pérennité de l'offre gratuite.

En ce qui concerne l'interopérabilité, nous avons développé une société qui ne travaille que dans ce domaine de l'interopérabilité et de la sécurité, pour être en capacité de communiquer avec les dossiers médicaux, qu'ils soient en ville ou à l'hôpital. Nous avons développé des axes de sécurité. La sécurité doit être prise de bout en bout, sachant que le niveau de sécurité correspond au maillon le plus faible. Il faut donc apporter de la sécurité aux systèmes connexes aux nôtres pour limiter autant que possible les failles potentielles.

Le médico-social constitue pour nous un aspect particulièrement important. Nous avons commencé avec le médico-social sur des systèmes assez légers et au fur et à mesure, nous travaillons à compléter l'offre en apportant au plus près du patient un certain nombre de systèmes de détection. Aujourd'hui par exemple, nous étudions comment amener de l'imagerie dans les EHPAD, sans avoir le praticien évidemment, qui restera dans son centre. Il faudrait amener la capacité de capter les images au lit des plus âgés et des plus faibles, ou des personnes handicapées. Nous mettons actuellement en place deux maquettes pour étudier comment apporter de l'offre de soins et d'expertise médicale au plus près des centres pour handicapés sans avoir forcément à déplacer les patients, surtout pour des pathologies qui ne sont pas toujours mécaniques. Là encore, le potentiel de la télémédecine est à venir.

Je considère que cette pandémie a développé les usages de la télémédecine dans ses dimensions les plus technologiques. La téléconsultation est, quand il n'y a pas de dossier, un axe très technologique, mais qui peut encore largement s'améliorer en termes de valeur médicale. Nous allons vers la prise de rendez-vous. Nous savons aujourd'hui gérer cette prise et optimiser le nombre de rendez-vous et de séances, mais en termes de valeur et d'offres de soins, nous sommes encore sur les éléments de base. À travers une organisation adaptée et une meilleure prise en charge de la facturation, la télémédecine peut encore s'améliorer.

Je parle de la facturation dans la mesure où dès lors que nous entrons dans le domaine de la téléexpertise, des ressources médicales plus rares, pour lesquelles le déplacement est très complexe et la brique numérique très utile, nous avons un vrai sujet sur la question de la facturation associée. Dans l'hôpital de référence, il est très compliqué de facturer l'acte de télé‑expertise, parce qu'il n'y a pas forcément toutes les informations liées au patient nécessaires à l'assurance maladie. Nous en reparlerons, c'est un niveau de complexité supérieur, mais je souhaitais vous sensibiliser sur ce point.

Aujourd'hui, nous pouvons mettre en place, grâce à la télémédecine, des systèmes mobiles, pour aller dans les villages, avec des camions qui disposent de modalités pour capter et suivre les patients. Nous pourrions le faire pour du diabète sévère, et nous savons le faire pour de l'optique et de l'ophtalmologie. Nous pourrions aussi renouveler des lunettes ou dispositifs de ce type. La barrière n'est plus technologique, elle relève de l'organisation et de la prise en charge par les territoires et les politiques sur la dimension déploiement.

Pour ce qui est de l'interopérabilité, nous nous appuyons évidemment sur toutes les normes définies par le Gouvernement, l'État et l'Agence du numérique en santé. Le pivot est évidemment le DMP, et nous faisons donc le maximum pour nous intégrer avec ce dernier, l'identification unique et la carte e-vitale. Ce n'est plus un sujet de blocage pour nous, mais une évolution technologique que nous nous efforçons d'intégrer au fur et à mesure dans nos logiciels. Nous suivons les plateformes nationales de dossiers médicaux.

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