Nombre d'entre nous ont encore en mémoire le scandale qui s'est produit il y a quelques mois lors de la campagne d'admission dans le premier cycle du supérieur et qui a eu pour conséquence de priver certains bacheliers d'affectation. La procédure nationale de préinscription tout au long de l'année de terminale, instaurée par l'article 1er, est censée remédier à ces difficultés. Nous verrons à l'usage si elle permet de remplir cet objectif.
Au-delà de ces aspects techniques, l'article 1er nous invite à nous interroger sur la philosophie même de l'accès à l'enseignement supérieur, dans la mesure où il réaffirme le droit général d'accès au premier cycle des études supérieures pour toute personne titulaire du baccalauréat. Nous ne contestons pas ce droit. Bien au contraire, nous souhaitons qu'il s'inscrive dans un processus global de réflexion sur le baccalauréat en lui-même.
C'est en réalité le baccalauréat qui doit être le moyen de sélection pour l'entrée dans le premier cycle des études supérieures. Mais, pour cela, est-il nécessaire de chercher à relever sans cesse le plafond du pourcentage de réussite à cet examen au mépris, parfois, du niveau de connaissances exigé ? Est-il sain de laisser accréditer l'idée que, sans l'obtention du baccalauréat, aucun avenir professionnel digne ou épanouissant ne pourrait exister ?
À ces deux questions, nous répondons évidemment par la négative. S'il convient de permettre au plus grand nombre de lycéens méritants d'accéder à un cycle d'études supérieures professionnalisant, cela ne doit évidemment pas se faire au prix d'un abaissement général du niveau du baccalauréat. Par ailleurs, nous ne faisons pas partie de cette élite qui considère l'apprentissage comme une orientation de seconde zone ; il est important de revaloriser le travail manuel. Dans ce domaine comme dans d'autres, l'idéologie n'a pas sa place et la méritocratie doit rester la règle.