Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du jeudi 11 février 2021 à 10h00
Commission des affaires sociales

Jérôme Salomon, directeur général de la santé :

S'agissant du vaccin, nous avons déployé une plateforme vaccinale interministérielle pilotée par Mme Laetitia Buffet. Cette plateforme assume différentes missions opérationnelles, mais également des missions en amont, en lien avec le Conseil scientifique, le Comité vaccin, le ministère des affaires étrangères et européennes et le ministère de l'économie.

Vous m'avez interrogé sur la recherche fondamentale. La recherche vaccinale comporte plusieurs approches, qui doivent coexister afin de mieux répondre aux risques viraux. Des vaccins de première, deuxième et troisième générations seront développés et nous disposons de chercheurs de qualité en France à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), à l'Institut Pasteur, au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), au Commissariat à l´énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ou dans des biotechs ou start-ups.

Nous sommes conscients des difficultés de mise en place de la vaccination, mais les problématiques se résorbent progressivement et les vaccins qui nous parviennent sont immédiatement dirigés vers les personnes cibles. Notre couverture vaccinale s'améliore, puisque 67 % des résidents en EHPAD ont été vaccinés à ce jour et 28 % des professionnels de santé. Plus de 2 millions de rendez-vous sont d'ores et déjà fixés pour des premières ou deuxièmes injections.

Nous déployons une stratégie d'optimisation permanente de consommation des doses afin de réduire au maximum le stock national et vacciner le maximum de Français. Les premières injections resteront longtemps très nombreuses, sachant que nous pouvons nous appuyer sur l'allongement du délai entre deux doses.

S'agissant du dispositif de pharmacovigilance, l'ANSM a l'obligation de réaliser des bilans réguliers, chaque citoyen pouvant d'ailleurs déclarer un effet secondaire. En termes de santé publique, outre le conseil scientifique, le comité de recherche et le comité vaccin, plusieurs acteurs sont mobilisés : la CNAM avec le protocole conjoint ANSM/CNAM/Epi‑Phare, ainsi que la cohorte de suivi de vaccination. Nous nous appuyons sur l'ensemble des données disponibles, notamment dans les dossiers pharmaceutiques et médicaux, dans une démarche d'analyse bénéfices-risques. Les bénéfices sont observés sur les cohortes de vaccinés par l'assurance maladie et par Santé publique France qui mesure la couverture vaccinale mais également la réduction de la morbidité et de la mortalité.

Vous avez ensuite évoqué le sujet des variants, qui présentent une contagiosité plus élevée, induisant davantage de cas secondaires par cas primaire et une évolution progressive de l'incidence et de la prévalence. La capacité d'adaptation est naturelle chez un virus, dont l'objectif est d'échapper aux interventions humaines. C'est ce qui explique sa capacité à réinfecter et sa propension à échapper aux vaccins. Le conseil scientifique et le Haut conseil de santé publique (HCSP) ont émis des préconisations en termes de masques, de distanciation, d'éviction et de durée d'isolement. Une enquête très rapide et stricte est mise en œuvre par l'assurance maladie dès lors qu'un variant d'intérêt est détecté. Cette action s'appuie sur notre stratégie de diagnostic rapide. Plus de 2,5 millions de tests sont réalisés chaque semaine, un test antigénique pouvant déboucher sur un test PCR, éventuellement associé à un criblage, afin d'identifier les mutations d'intérêt et confirmer la présence de variants. C'est ainsi que les patients peuvent être informés.

La stratégie de criblage est très différente de la stratégie de séquençage. En effet, la stratégie de criblage est appliquée dans les laboratoires d'analyses médicales et offre un diagnostic plus poussé, afin de donner aux patients les moyens d'agir et d'informer leurs proches. Les démarches sont en effet différentes selon qu'un variant d'intérêt est identifié. Nos laboratoires sont donc pleinement mobilisés sur ces criblages. Le séquençage constitue pour sa part un enjeu de surveillance nationale de la circulation des variants, actuels et futurs. Nous devons en effet nous tenir prêts à détecter de nouveaux variants si ceux-ci venaient à apparaître. Le séquençage est piloté par l'ANRS, puisque la recherche et l'épidémiologie fonctionnent désormais de manière coordonnée.

M. Door a évoqué les enjeux thérapeutiques. Nous sommes fortement mobilisés sur les essais cliniques et ouverts aux idées neuves de nos cliniciens : colchicine, anticorps monoclonaux, Interferon, plasma de convalescents ou de vaccinés, etc. Tous ces sujets sont en cours d'évaluation scientifique par les comités ad hoc et nous y sommes très favorables.

De la même manière, nous surveillons la dégradation de la santé mentale et mettons l'accent sur le dépistage précoce, pouvant être assuré par les proches, de troubles anxieux, de troubles du sommeil et autres changements de comportement. Toutes les mesures pouvant contribuer au dépistage précoce sont encouragées, en lien avec les acteurs de terrain mais également les partenaires de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et les collègues de travail. Cette mobilisation citoyenne en faveur de la santé mentale est particulièrement importante.

Vous m'avez également interrogé quant à Mayotte, frappée par la diffusion majoritaire du variant sud-africain, qui a bénéficié de renforts humains et logistiques. La mobilisation a également concerné l'armée et des personnels de sécurité civile. Des évacuations sanitaires ont ainsi pu être organisées vers la Réunion. Je tiens à souligner la forte collaboration au sein de l'Océan indien.

Quant à l'anticipation face au risque de contagiosité, je laisserai ma collègue de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) le soin de détailler le plan de renforts humains et hospitaliers, mais nous suivons de près les enjeux de ressources humaines et de matériel. Les niveaux des stocks sont très élevés et nous devrons d'ailleurs conduire une réflexion quant à leur devenir. Il convient en effet de définir une stratégie sur la question de l'accès aux stocks, qui constitue une question de souveraineté nationale, en prévision de nos besoins futurs.

Enfin, vous avez évoqué les mesures relatives aux écoles et à la restauration collective. Les consignes d'hygiène sont appliquées au quotidien de façon très sérieuse. En revanche, le covoiturage et les moments de convivialité conduisant au non-port du masque demeurent des moments à risque. Nous travaillons avec l'éducation nationale sur les repas collectifs, la distanciation et la limitation des brassages, en faisant en sorte que les enfants déjeunent toujours avec les mêmes camarades.

S'agissant enfin des résultats des variants, ces derniers évoluent au quotidien, en fonction des tests PCR de criblage réalisés par les laboratoires. Des enquêtes flash ont été menées début et fin janvier, dont les résultats ont été publiés par Santé publique France. Nous enregistrons une moyenne de 15 % de variants au niveau national, avec toutefois des disparités importantes en fonction des territoires, certains départements n'ayant encore quasiment pas détecté de variants.

Nos concitoyens sont très respectueux des consignes, 85 % des Français déclarant appliquer les gestes barrières. Nous sommes très attentifs aux enjeux de santé mentale et je partage l'inquiétude de Mme Wonner sur le sujet. J'entends ses remarques sur la mortalité, que je transmettrai aux responsables des statistiques. Des efforts ont été réalisés concernant le soutien psychologique et psychiatrique de terrain, en lien avec les psychiatres, les pédopsychiatres, les psychologues, auprès des centres gérant les populations les plus précaires, à la demande des assistantes sociales de secteur. Des créations d'emploi sont intervenues auprès des cités universitaires. Nous travaillons également avec le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (CNOUS) et le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Ces mesures interviennent dans le cadre du Ségur de la santé mais également de l'accès à la consultation pour les populations précaires. Nous avons également étendu le dispositif Ecout'émoi ainsi que le dispositif de dépistage des menaces suicidaires.

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