La situation sanitaire, vous le savez, se dégrade à la Réunion, où 90 % des lits en réanimation sont désormais occupés. Nous frôlons la saturation. L'ARS a d'ailleurs annoncé hier que l'on procéderait dès demain aux quatre premières évacuations sanitaires de la Réunion vers la métropole. Nous savons tous que la solidarité sanitaire régionale avec Mayotte joue pleinement. Toutefois, devant l'augmentation des cas à la Réunion, dont plus de la moitié sont dus au variant sud-africain, l'inquiétude grandit aujourd'hui chez le personnel soignant comme dans le reste de la population.
On déprogramme des interventions tenues pour non urgentes, comme un peu partout en France, et on ferme des blocs opératoires, ce qui crée une crise dans la crise. Les évacuations sanitaires ne sont pas exemptes de risques, puisqu'elles impliquent 11 heures de vol, à quoi s'ajoutent l'adaptation au climat de la métropole et l'isolement des malades, dont la famille restera à la Réunion. Nous risquons d'aboutir à un résultat inverse de celui que nous souhaitions.
Il eût été plus sage de continuer de transformer et d'équiper des chambres supplémentaires, et d'augmenter le personnel soignant directement sur le territoire. Il est impératif de soigner les malades dans de bonnes conditions.
Si nous ne disposons plus de réserve sanitaire en France, si le personnel qualifié fait défaut, ne faut-il pas faire appel à des soignants étrangers, cubains, chinois, indiens par exemple – d'autant que leurs pays ne se situent pas très loin de la Réunion –, comme cela avait été le cas au plus fort de l'épidémie dans l'hexagone et en Guyane, l'année dernière ? Une situation exceptionnelle appelle des mesures exceptionnelles. Ne faut-il donc pas agir en ce sens et soulager ainsi les professionnels de santé pleinement mobilisés et dévoués, de sorte que les malades réunionnais restent à la Réunion, pour leur bien et celui de leur famille ?