Comme mes prédécesseurs, j'insiste sur le fait qu'effectivement, nous manquons de recul. D'abord, nous ne sommes pas encore sortis de la crise sanitaire et nous sommes toujours soumis à des restrictions. Les hôtels, les cafés, les restaurants et les centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés, voire de plus 10 000 mètres carrés, sont fermés. Bref, nous vivons toujours une situation atypique. En outre, les pouvoirs publics sollicitent un télétravail massif. Il est donc préférable d'attendre que la situation se stabilise en espérant que le vaccin fasse son œuvre et que nous y voyions plus clair. Selon toute probabilité, cette situation perdurera jusqu'au mois de septembre.
La conférence sociale est programmée ce lundi et l'un des chantiers ouverts par le Gouvernement consiste à engager une concertation relative aux évolutions durables induites par la crise. Ces changements durables concerneront effectivement certaines pratiques de travail, notamment le télétravail.
Je souhaite revenir sur la situation des jeunes, en particulier les jeunes en apprentissage et des jeunes en contrat de qualification. La période de recrutement se déroule entre les mois de mai et septembre. Dans cette période, en 2020, les entreprises, notamment les plus petites entreprises qui recrutent des apprentis, pensaient que la crise était derrière elles. Elles n'avaient absolument pas anticipé le deuxième confinement du mois de novembre. Dans le cas contraire, les résultats de l'apprentissage n'égaleraient pas les chiffres exceptionnels que nous avons enregistrés en 2020 en matière d'apprentissage.
Le Gouvernement a été très sensible à la situation des jeunes puisque le Premier ministre a récemment annoncé que les aides à l'apprentissage et à la professionnalisation seraient reconduites en 2021. Cette mesure s'avérait impérative pour sauver l'alternance.
Néanmoins, force est de constater qu'il est illusoire d'envisager de mettre les jeunes en télétravail dès leur entrée dans l'entreprise. Quelle que soit sa taille, une entreprise a développé une culture et des savoir-faire qui diffèrent de ceux d'une entreprise qui exerce une activité identique. Le télétravail ne constitue manifestement pas une solution pour les jeunes dès leur intégration dans une entreprise.
L'U2P affiche un profond respect pour le rôle du législateur et nous n'hésitons d'ailleurs pas à vous demander de modifier certaines lois si nous considérons qu'elles ne sont plus adaptées aux évolutions. Pour autant, à l'instar des intervenants prédécents, nous considérons qu'il serait réellement prématuré de légiférer en matière de télétravail. Nous disposons d'un arsenal juridique. L'accord que nous avons conclu a pour objectif de rassembler les textes applicables de sorte que les entreprises se les approprient, notamment les plus petites d'entre elles, dans le cadre de la mise en œuvre du télétravail. Il ne serait donc pas opportun, dans l'immédiat, de les soumettre à de nouvelles règles. Ensuite, lorsque nous aurons retrouvé une situation normale, nous dresserons des bilans et il est possible que des besoins émergent à ce moment-là.