Intervention de Josiane Corneloup

Réunion du mardi 30 mars 2021 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJosiane Corneloup :

Je rencontre régulièrement à ma permanence des personnels d'EHPAD qui sont de plus en plus désespérés, excédés par le manque de considération. Si le personnel de ces établissements a opté pour ces carrières, c'est que l'humain est au cœur de ses priorités. Derrière une toilette, un accompagnement dans les gestes de la vie quotidienne ne se trouvent pas qu'un simple geste technique mais aussi tout un accompagnement humain. Or, aujourd'hui, un grand nombre de personnes sont en arrêt de travail parce qu'elles sont fatiguées ou que leur santé psychique est devenue précaire, avec des troubles dépressifs, un burn-out. Ces personnels ne sont pas remplacés ce qui génère une importante surcharge de travail pour le reste des équipes, une désorganisation et cela se traduit par encore moins de temps à passer avec chaque personne en dehors du soin.

Il convient bien sûr de donner aux EHPAD des moyens humains et financiers pour accompagner dignement cette évolution de la dépendance. Nous savons que les résidents vivent de plus en plus longtemps et sont pour la plupart polypathologiques donc beaucoup plus chronophages. Les taux d'encadrement actuels ne permettent plus d'assurer une prise en charge bienveillante, ni pour les résidents ni pour les professionnels qui en ont la charge. Nous voyons un véritable sentiment de perte d'humanité. Les personnels disent vivre un perpétuel renoncement à leurs ambitions de dignité pour autrui. Or, en rabaissant la dignité d'autrui, ils perdent la leur.

J'ai vu la méthode « humanitude » se développer dans certains EHPAD. Elle fait l'objet de formations dans les établissements afin de sensibiliser les soignants à la bientraitance mais pas seulement les soignants ; l'ensemble du personnel, du cuisinier jusqu'à l'agent technique sont mobilisés pour mettre en œuvre une démarche de bienveillance. L'approche est centrée sur le patient et constitue un changement de paradigme majeur. Le but est vraiment de remettre le patient au cœur du système.

Ne pourrions-nous pas faire en sorte que ces formations soient suivies et mises en œuvre dans tous les EHPAD pour promouvoir la bientraitance et procéder ensuite à des évaluations ? Je crois que, plus que l'absence de maltraitance, il s'agit d'acquérir une véritable culture partagée de respect des besoins et des attentes des aînés.

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