Ce débat n'est pas technique ; il est financier – nous pourrons y revenir –, mais, surtout, il oppose des visions de la société. Vous nous dites qu'il faudrait refondre tout le système et que l'on ne peut pas traiter le sujet uniquement par un biais. Mais chaque fois que la majorité nous dit qu'elle va tout reprendre et qu'il ne faut pas s'inquiéter, cela a plutôt tendance à me faire l'effet inverse... On a vu à propos des retraites, entre autres exemples, que cette inquiétude était fondée.
Le discours de Nicolas Turquois pose un problème : la solidarité nationale ne saurait se défausser sur la solidarité familiale, sous peine d'encourager, de reproduire et d'aggraver les inégalités. Dans le cas des 11 millions d'aidants, la solidarité familiale a pallié les manques de la politique de solidarité nationale, et beaucoup de personnes souffrent de cette situation car leurs droits ne sont pas établis. Il faut créer des droits attachés à la personne. Comme l'ont expliqué les rapporteurs, cela ne contreviendra nullement à la vie de famille ni à la solidarité entre ses membres, mais la société doit être au rendez-vous.
La mesure dont nous parlons est nécessaire parce qu'elle a une portée réelle, mais aussi symbolique : elle représente la reconnaissance de droits pleins et entiers pour la personne.