Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 9 juin 2021 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

On nous parle de difficultés techniques, de complexité, mais soyons clairs : les quelques lignes qui forment chacun des amendements en discussion vont avoir une double conséquence, refuser l'autonomie et faire repartir de zéro le circuit d'examen du texte. On ne les revoit jamais, ces propositions de loi : elles partent dans un sens, mettent des années à revenir dans l'autre. Bref, les amendements reviennent à annuler le processus au moins jusqu'à la fin de la législature, et puis après, on verra bien – le texte se perdra dans les sables mouvants du Parlement.

Les Républicains, Libertés et Territoires, les communistes, les Socialistes, UDI & Indépendants, le Sénat : en dehors de la majorité, le texte fait l'unanimité ; seule La République en Marche, à l'Assemblée, va s'opposer à cette mesure de progrès.

Selon l'exposé sommaire de l'un des amendements, « au-delà de son coût très important (730 millions d'euros), la déconjugalisation de l'AAH », etc. Un coût très important, 730 millions d'euros ? Ce vendredi, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2021, l'Assemblée doit voter une dizaine de milliards d'euros, dont pas moins de 500 millions vont être consacrés à un truc qui s'appelle le carry back et qui va profiter à Total, à Engie, à Airbus et à Renault. Tout cela va se faire très discrètement, sans publicité colossale. La même somme, grosso modo, qui, aujourd'hui, quand il s'agit d'aller vers les personnes handicapées, représente un « coût très important » va être donnée vendredi aux plus grandes firmes du pays par-dessous la table – et là, on ne trouvera pas que c'est un « coût très important » !

On nous demande s'il faut verser l'AAH à Mme Bettencourt. D'abord, on ne va pas la lui verser post mortem : Mme Bettencourt est morte depuis des années, paix à son âme ! Et, de toute façon, je plaide pour la vertu de l'universel : si un droit est ouvert à tout le monde, il vaut pour les riches comme pour les pauvres !

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