Intervention de Stéphane Viry

Réunion du mardi 14 septembre 2021 à 17h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry, rapporteur :

Je souhaite vous apporter quelques éléments de réponse aux principales critiques formulées à l'égard de ces salles. Ces critiques doivent être là encore nuancées.

Une première critique est que ces salles ne visent pas à sevrer les toxicomanes mais les entretiennent dans leurs addictions.

Nous répondons que le but des SCMR n'est effectivement pas de sevrer les toxicomanes qui y sont reçus. En revanche, les SCMR permettent d'inclure dans un dispositif de soins des personnes jusqu'à présent éloignées de celui-ci. Pour la plupart d'entre eux, la marche vers le sevrage est à ce moment-là très haute.

Cela ne signifie pas que les SCMR ne permettent pas directement de soigner.

Premièrement, limiter les pratiques à risques est un premier pas pour prendre soin de soi, ainsi que pour entrer dans un dispositif de soins et de prise en charge. L'étude de l'Inserm montre que les deux SCMR ont un impact positif important sur de nombreuses variables sanitaires, telles que les pratiques à risques VIH et hépatite C, les abcès, les overdoses et les passages aux urgences. En revanche, l'Inserm montre que les SCMR n'ont pas d'impact direct sur la prise d'un traitement de l'addiction ou le dépistage de l'hépatite C. Le système français, par le biais des CAARUD et des centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) notamment, mais aussi des médecins généralistes, offre déjà la possibilité d'accéder à des dépistages et d'administrer facilement un traitement de substitution aux opiacés.

Deuxièmement, les SCMR permettent de réorienter les personnes accueillies vers des dispositifs de soins, pour inclure les usagers dans des parcours de sevrage ou de soins psychiatriques. Sur le long terme, l'expérience de Vancouver a montré que les demandes de sevrage de la part des usagers ont augmenté de 20 %. Ainsi, l'unité d'addictologie ambulatoire de l'hôpital Fernand Widal et la salle de Paris travaillent ensemble quotidiennement. Le professeur en charge du service d'addictologie au CHRU de Strasbourg, lors d'une audition, a également témoigné que la population d'usagers fréquentant le service de sevrage complexe a évolué, avec une majorité de personnes directement adressées par la SCMR.

La deuxième critique formulée est que ces salles ne seraient pas le remède miracle pour prendre en charge les toxicomanes.

Cette affirmation est vraie : les SCMR ne constituent pas une solution miracle. Elles sont seulement un outil parmi d'autres au sein d'une palette très large. Si nous voulons prendre en charge efficacement la toxicomanie, chaque porte doit être la bonne. Chaque personne doit pouvoir rencontrer le dispositif dont elle a besoin au moment où elle en a besoin. Nous parlons ici de parcours extrêmement complexes, mêlés à des situations sociales parfois dramatiques et des parcours de vie compliqués. Les SCMR permettent de toucher un public différent des autres structures, ou en tout cas de toucher un usager à un moment de sa vie où il ne pourrait pas s'inscrire directement et personnellement dans une démarche de sevrage.

Ces salles ne peuvent se concevoir que dans le cadre d'un parcours médical et social complet, dont la finalité reste le sevrage et la sortie de la drogue. Dire que les SCMR ne constituent pas une solution miracle, cela signifie aussi qu'il ne faut pas en créer partout, n'importe où et n'importe quand. Cet outil est en effet adapté pour certains endroits et dans certains contextes. Parallèlement, d'autres types de structures, en amont comme en aval, doivent aussi et surtout être développés.

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