Vous avez avancé le chiffre de 80 % de travailleurs des plateformes qui ne veulent pas être salariés, tout en indiquant avoir du mal à évaluer leur nombre. Vous percevez mal les contours de cette nébuleuse de précarité, mais vous savez qu'ils sont prêts à se faire exploiter à fond. Et vous, avec générosité, et presque contre leur gré, vous cherchez quand même à éviter que cette exploitation n'aille trop loin. Ce n'est pas très convaincant.
En réalité, vous créez un tiers‑statut qui sera une forme de précarisation instituée. En outre, il détruira les statuts existants car ce montage concurrentiel déloyal se fera au détriment des salariés. Cela concerne non seulement des secteurs visibles, comme celui des plateformes, mais également le domaine médical : ainsi, la start-up Mediflash met en relation des infirmiers et des aides-soignants autoentrepreneurs avec des établissements de santé. L'ubérisation se généralise. Il est temps de chercher non pas à instituer la précarité, qui détériore l'ensemble du tissu social du pays, quelle que soit l'opinion des gens concernés, mais bel et bien d'y mettre un terme. C'est la raison pour laquelle nous vous proposons de supprimer l'article 1er.