Avant que vous ne présentiez votre rapport, permettez-moi de vous préciser que j'ai été amené, tout au long de ma vie parlementaire, c'est-à-dire depuis 1993, à suivre ces questions de gestion des matières et déchets radioactifs avec beaucoup d'intérêt. J'en ai connu les épisodes les plus passionnés, notamment lors de débats publics difficiles, conduits sur le terrain en Meuse – département que je représente et qui, avec la Haute-Marne a accueilli le premier et, pour l'instant, seul site d'étude pour le centre industriel de stockage géologique en couche profonde de combustibles en fin de cycle (Cigéo), comme les moments les plus sérieux, à l'image de celui que nous allons vivre en vous écoutant.
La gestion des matières et déchets radioactifs est le fruit d'une longue histoire, commencée avec la loi Bataille. C'est en effet ce texte législatif, que mon prédécesseur en tant que ministre de l'industrie, M. Dominique Strauss-Kahn, avait fait adopter par le Parlement, qui a créé, en décembre 1991, la Commission nationale d'évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs (CNE).
J'ai, à titre personnel, beaucoup de respect pour la science, et une passion pour la technologie, ainsi que pour les réussites industrielles et scientifiques qui ont marqué, en particulier, les Trente Glorieuses, la reconstruction de l'Europe, etc. J'ai donc un esprit assez positif à cet égard, notamment sur l'énergie nucléaire. Je dois toutefois reconnaître que j'ai été très étonné, en accédant aux fonctions de ministre de l'industrie, en mars 1993, de découvrir que la France était engagée dans un programme électronucléaire considérable, qui m'apparaît d'ailleurs comme un succès, mais que la question des déchets n'avait pas été traitée d'une façon systématique, et qu'il avait fallu attendre décembre 1991 pour que les principes fondateurs trouvent une organisation législative. Assez rapidement, avec le soutien du Conseil général de la Haute-Marne, présidé à l'époque par M. Bruno Sido, et l'appui de mon prédécesseur sénateur de la Meuse, également président de son département, nous avons considéré que nous n'appliquerions pas le principe du « Oui, mais pas dans mon jardin », mais que nous accepterions, puisque nous estimions que le nucléaire était utile pour la France et sérieux dans sa conception, d'aller jusqu'au bout dans ce domaine, sans pour autant, évidemment, accepter n'importe quoi. Nous avons ainsi été très attentifs aux éléments relatifs à la transparence, à l'information, et à l'autorité du message de la communauté scientifique sur ces questions, de telle sorte que ce sujet, qui suscite des débats passionnés, voire même violents parfois, puisse être éclairé par des travaux de qualité.
Je remercie les membres de la Commission nationale d'évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs, son président Jean-Claude Duplessy, ainsi que l'ensemble des participants à ses travaux, qui contribuent à un climat plus apaisé dans la société française. Ces sujets sont suffisamment importants et graves pour qu'on leur consacre du temps.