Intervention de Fadila Khattabi

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 14h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFadila Khattabi, présidente :

Comme nombre d'entre vous, j'ai pris connaissance la semaine dernière de l'ouvrage Les Fossoyeurs, issu de l'enquête que le journaliste Victor Castanet a menée au sein des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) du groupe Orpea. À la lecture d'extraits parus dans la presse, j'ai ressenti de l'écœurement et, surtout, de l'indignation.

Je tiens à exprimer toute ma compassion à l'endroit des résidents de ces établissements privés qui auraient été confrontés à des situations intolérables de maltraitance. Je pense également à leurs familles et aux souffrances qu'elles ont dû endurer.

Au sein de cette commission, nous partageons tous l'objectif d'une prise en charge et d'un accompagnement dignes de nos aînés. Face à la gravité des faits relatés, nous avons un rôle essentiel à jouer pour établir la vérité et faire toute la lumière sur le fonctionnement de ces établissements. En tant que représentants de la nation, nous devons à nos citoyens clarté et transparence dans le suivi de cette affaire.

C'est pourquoi j'ai souhaité engager le plus rapidement possible un cycle d'auditions en recevant tout d'abord les responsables du groupe Orpea, que je remercie d'avoir répondu favorablement à notre invitation. Vous l'aurez compris : il s'agit d'objectiver les faits et, le cas échéant, de mettre à jour les mécanismes qui les ont rendus possibles. Ce cycle d'auditions se poursuivra la semaine prochaine, notamment pour entendre M. Victor Castanet, l'auteur de cet ouvrage.

Je l'ai dit hier dans l'hémicycle : il ne s'agit bien évidemment pas de jeter l'opprobre sur les établissements accueillant les personnes âgées et dépendantes, ni sur leurs personnels, tant s'en faut. La très grande majorité d'entre eux accomplit avec professionnalisme, dévouement et humanité un travail considérable, rendu plus difficile encore par la crise sanitaire.

Cependant, nous devons entendre les différents acteurs afin de comprendre comment de tels faits – s'ils sont établis – ont pu se produire et, surtout, comment empêcher qu'ils se reproduisent.

La ministre déléguée chargée de l'autonomie, Mme Brigitte Bourguignon, a reçu hier matin la direction d'Orpea et n'a obtenu, nous a‑t‑elle dit, que peu d'explications. J'espère que nos échanges seront plus fructueux.

Nous recevons donc M. Philippe Charrier, qui a été nommé directeur général du groupe Orpea ce dimanche en remplacement de M. Yves Le Masne, démis de ses fonctions après avoir dirigé le groupe pendant près de onze ans. M. Charrier occupait jusqu'à présent la seule présidence non exécutive du conseil d'administration du groupe. Il est accompagné de M. Jean-Christophe Romersi, directeur général France, et de plusieurs responsables, notamment la directrice médicale du groupe, le docteur Linda Benattar, son directeur des ressources humaines, M. Bertrand Desriaux et la directrice qualité, Mme Laure Frères.

Nous souhaitons vous entendre sur les faits évoqués dans cet ouvrage, le manque structurel de personnels pour prendre soin des résidents, le recours abusif aux contrats à durée déterminée (CDD), les pratiques de rationnement des protections et des repas, l'organisation de marges arrières auprès de fournisseurs, financées par de l'argent public, le défaut de suivi médical et des négligences graves qui font aussi l'objet de plaintes par des familles.

Par un communiqué en date du 24 janvier, Orpea a formellement contesté l'ensemble de ces accusations, considérées comme « mensongères, outrageantes et préjudiciables ». Toutefois, le groupe a annoncé hier avoir mandaté deux cabinets pour mener des missions d'évaluation et d'audit à propos des allégations publiées.

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