Intervention de François Ruffin

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 14h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

« Nous étions rationnés : c'était trois couches par jour maximum et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu'il ait une gastro, qu'il y ait une épidémie, personne ne voulait rien savoir. » C'est une aide‑soignante du groupe Orpea qui s'exprime ainsi. Manifestement, les repas étaient aussi rationnés, de même que les soins – moins de soignants et plus de patients – et, au final, l'« humain » même. D'un côté, le rationnement, mais de l'autre, le gavage : dividendes et bénéfices chiffrés en centaines de millions, des marges pouvant aller jusqu'à 25 %.

Tout cela est aujourd'hui dévoilé et dénoncé par vos soignants, par d'anciens cadres et des familles. Nous attendions au moins des excuses et, même, une remise en cause. Or, il n'en est rien. Je n'entends que du déni, des propos sur de regrettables incidents et d'éventuelles erreurs. Comme dirait Michel Audiard, « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages » ! J'ai le sentiment que, lorsque vous parlez d'humanisme, de bienveillance et de valeurs – surtout boursières, en fait –, qui plus est avec des trémolos dans la voix, vous vous fichez de nous.

Vous vous planquez derrière vos salariés – admirables, j'en suis certain – et vous récusez l'idée d'un « système » qui existe pourtant bel et bien et dont on peut d'ailleurs se demander s'il n'est pas celui de toutes les entreprises privées : il vise à aller chercher l'argent là où il se trouve pour le distribuer à des actionnaires, vos donneurs d'ordre. Que vous vous refusiez, aujourd'hui, à toute remise en cause me semble aussi grave que la persistance d'un tel système au sein de votre groupe. Le monstre demeure bien froid.

Doit‑on encore laisser les personnes âgées entre les mains des financiers ? Vous pratiquez les marges arrières, vous connaissez les pratiques de la grande distribution : nos anciens sont-ils donc des produits alimentaires dans un supermarché ? Doit‑on tirer des profits sur leur fin de vie ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.