Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 14h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Monsieur le président‑directeur général, je ne suis même pas surpris de vos propos. Vous êtes comme le lapin pris dans les phares : quand vous prenez l'air étonné, j'ai l'impression que nous sommes dans un film. L'autonomie et les EHPAD posent un problème structurel plus large, mais, en effet, vous n'êtes ici que le représentant d'un système, que personne ne peut méconnaître. Votre groupe, à but lucratif, vise à faire un maximum de profits – c'est le capitalisme. En tant que président du conseil d'administration, vous en étiez garant et, il faut le reconnaître, vous avez poussé la machine à fond. Il est un peu indécent de vous entendre parler au nom des salariés, et, en même temps, leur mettre la faute sur le dos, en prétendant que des erreurs humaines ont été commises, et que vous n'y êtes pour rien.

Le 26 décembre 2017, après avoir rencontré le personnel d'un établissement de votre groupe dans ma circonscription, j'ai déposé une question écrite, donc publique. Les femmes que j'avais rencontrées faisaient état de leur grande fatigue morale, du caractère insupportable de leurs conditions de travail et des conséquences des choix de gestion sur les résidents. Elles expliquaient que vous y faisiez des économies sur tout, notamment sur le personnel, précarisé et maltraité – la nuit, pour quatre-vingts résidents, seules deux personnes travaillaient, dont aucune infirmière ; une auxiliaire de vie devait faire le ménage dans trente‑trois chambres, après avoir servi tous les petits déjeuners. Pour ce qui concerne les prestations, elles rapportaient des draps souillés simplement retournés, des repas qui « font honte », et, s'agissant du matériel, de couverts en plastique et d'un manque de lessive, sans parler des protections.

Ce qui est remonté, c'est une grande capacité à aller chercher les aides publiques, mais une faible diligence à les utiliser à ce pour quoi elles sont destinées. J'ai une grande considération envers tous les salariés, qui agissent au quotidien auprès des résidents, mais il est établi que vous faites commerce de l'autonomie, voire, pour le dire moins élégamment, de la maltraitance institutionnelle. Vous alimentez donc une machine financière, comme en témoignent les jeux d'actionnaires auxquels se livrent les dirigeants de votre entreprise.

Qu'est‑ce qui ne figure pas dans le livre, et que nous ne savons pas encore ?

Comment avez-vous pu échapper si longtemps aux contrôles, aux règles et aux injonctions ? En tant qu'expert, vous pourrez peut-être nous aider à améliorer l'action publique.

Comment rendrez‑vous des comptes, et même l'argent aux résidents et au personnel, par des mesures immédiates ?

Sachant que vous ne pourrez pas supprimer l'objectif prioritaire de juteux dividendes, comment voyez-vous l'avenir de votre entreprise et de votre secteur ?

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