Intervention de Annie Vidal

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 14h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Vidal :

Les faits révélés dans le livre de Victor Castanet sont glaçants : maltraitance sur les personnes âgées et sur les professionnels – au nom de la commission des affaires sociales, je les assure de mon profond respect –, mépris envers les familles, inhibition des managers de proximité.

On y découvre également un système de pilotage par les hauts directeurs, totalement déconnecté de ce que doit être un EHPAD – un lieu de vie, où l'on soigne. Ce pilotage à distance est fondé sur un reporting continu des directeurs d'établissement, une tour de contrôle, avec trois logiciels de contrôle – GMASS, NOP et bible Achats – et trois hommes, comme il est écrit page 124 : « le boss », « le financier », « l'exécuteur ».

Nombre de résidents, gestion à flux tendu, profits nets, taux d'occupation : ces indicateurs, en particulier le taux d'occupation dynamique, à transmettre tous les jours, me font davantage penser à une usine de production qu'à un établissement visant à accompagner de manière bienveillante des personnes vulnérables. Vous fixez un taux d'occupation cible à 95 % minimum. Le logiciel GMASS permet de calculer les projections sur la masse salariale pour chaque mois. Sur un mois, un taux d'occupation à 92 %, sur une capacité de 90 lits, vous conduit à supprimer 1,5 poste d'infirmier sur les 5,5 prévus et 0,5 poste de médecin sur 1,5. Au total, vous supprimez deux postes sur sept soit 28 % de l'effectif.

Comment évaluez-vous l'incidence de ces suppressions sur vos plannings, sur les résidents et sur vos salariés ?

Ces postes sont financés par de l'argent public : comment les intégrez‑vous dans vos comptes d'emploi ? Comment peuvent-ils être des variables d'ajustement mensuelles et systématiques ?

Cette optimisation permanente de la masse salariale n'est-elle pas contraire aux exigences des ARS et des conseils départementaux, et, surtout, aux bonnes pratiques de prise en charge des personnes âgées et à la qualité de vie au travail des professionnels ? Ne fait‑elle pas le lit de la maltraitance institutionnelle et systémique ?

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