Intervention de Jean-Christophe Romersi

Réunion du mercredi 2 février 2022 à 14h15
Commission des affaires sociales

Jean-Christophe Romersi, directeur général France du groupe Orpea :

Madame Iborra, dans nos établissements, le ratio d'aides‑soignants et d'IDE doit se situer entre 0,46 et 0,50 équivalents temps plein par résident. Je ne remets pas en question les conclusions de votre rapport, mais nous arrivons au bout du système de convergence tarifaire, dont je me permets de dire un mot rapide.

Dans le cadre de ce système, le montant alloué à un établissement est fonction du GMP et du PMP. Or les établissements privés commerciaux recevaient 70 % du financement qui, selon cette formule, devait leur être alloué pour la prise en charge des personnels soignants, par exemple. Et, tout au long de la convention tripartite, une dotation cible devait arriver à l'échéance de cinq ans. D'ailleurs, les soignants qui sont descendus dans la rue il y a quelques années, notamment au moment de la mise en œuvre de la convergence tarifaire, étaient ceux du public et non ceux du privé, car les établissements privés commerciaux recevaient des dotations inférieures de 30 % en moyenne aux besoins. C'est un fait. Désolé, ces formules technocratiques qui permettent de transformer un besoin en financement ne viennent pas de nous. Je ne suis pas un financier : je m'occupe de l'accompagnement des personnes.

S'agissant de l'hébergement, vous avez indiqué que, dans certains de nos établissements, le montant du reste à charge pouvait atteindre 7 000 euros par mois mais, dans la majorité des établissements de notre groupe, il s'élève à 2 000 euros ou 2 100 euros par mois. J'ajoute que rien de ce qui relève de l'hébergement n'est financé par le public : c'est l'entreprise qui finance, sur ses propres deniers, l'achat du terrain, la construction du bâtiment, l'amortissement. Ces coûts, qui varient en fonction notamment du prix du foncier – lequel n'est pas le même à Paris et en région – sont logiquement intégrés dans le tarif de l'hébergement.

On a beaucoup parlé de l'établissement de Neuilly‑sur‑Seine. Dans cet établissement comme dans d'autres, nous utilisons, faute d'un financement suffisant de la prise en charge, le prix de l'hébergement pour financer des soins, et ce à hauteur de plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année.

Je ne vais pas nier, madame Vidal, que nous avons un logiciel qui s'appelle GMASS. Il sert, effectivement, à assurer un pilotage et des remontées d'information sur les charges, comme dans toutes les entreprises. Est‑ce que je trouve normal de sacrifier la prise en charge pour des raisons financières ? Non, et cela n'a jamais été dans mes convictions. Jamais je ne demanderai cela. J'ai 43 ans, et je suis dans cette entreprise depuis quinze ans ; je ne suis pas arrivé en tant que directeur général. Je sais pourquoi je fais ce métier.

NOP existe‑t‑il ? Bien sûr. Comme dans toutes les entreprises, il y a des charges variables et des charges fixes.

Si de l'argent public n'est pas utilisé au travers des comptes d'emploi, du dialogue de gestion avec les autorités, d'une affectation à du matériel, à des formations ou à une amélioration des conditions de travail des personnels – c'est un sujet important, sur lequel il y a beaucoup à faire et nous y travaillons, comme nous le faisons concernant les résidents, qui sont les premières personnes auxquelles nous devons être attentifs –, cet argent est refléché dans le cadre de discussions avec les autorités ou il va sur des comptes de compensation, dont vous connaissez parfaitement les mécanismes.

S'agissant de la maltraitance, j'ai essayé de vous répondre tout à l'heure. Toute suspicion en la matière doit faire, chez nous, l'objet d'un signalement puis d'une investigation réelle, sérieuse et profonde.

Quand j'ai parlé de trente‑huit CDD, c'était simplement pour dire que j'ai accepté de signer ces contrats successifs parce que la personne en question connaissait l'établissement et les résidents et que je voulais qu'elle soit fixe, quel que soit son choix en matière de statut. Mais je vous assure que tous les salariés ne veulent pas des CDI. Vous m'avez interrogé sur le nombre de CDD en cours dans l'entreprise. Leur part est de 18 %. Cela signifie que 82 % de nos salariés sont en CDI.

Concernant les discriminations à l'embauche, jamais, au grand jamais, je n'en pratiquerai, à l'encontre de qui que ce soit. Ce sont les valeurs de notre entreprise. Nous travaillons avec beaucoup d'associations pour l'insertion de jeunes femmes, quelle que soit leur origine, y compris sociale, et nous menons beaucoup d'autres actions en faveur de l'insertion à travers notre fondation. Je ne citerai pas le nom des associations avec lesquelles nous travaillons car ce n'est pas l'objet de cette réunion et je ne veux pas, par respect pour toutes ces personnes, faire de lien.

Quant à la question portant sur la différence de 860 euros, en moyenne, entre le public et le privé, je pense y avoir répondu, notamment lorsque j'ai évoqué la construction des EHPAD.

Madame Chapelier, qui a dit avoir travaillé dans un établissement où l'on demandait aux résidents de choisir entre le beurre et la confiture, est partie. Elle n'a pas indiqué si c'était chez nous – je voulais lui poser la question.

Jamais je ne demanderai de choisir entre le beurre et la confiture.

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