Intervention de Pascal Meyvaert

Réunion du mercredi 23 février 2022 à 11h40
Commission des affaires sociales

Pascal Meyvaert, vice :

président de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en EHPAD (FFAMCO). Je suis médecin coordonnateur en EHPAD depuis 2003 : j'entends le même refrain de l'EHPAD‑ bashing depuis presque vingt ans. Je tiens à rendre hommage au personnel de ces établissements. Le déficit en ressources humaines, particulièrement en soignants, est chronique, et il est devenu suraigu depuis près de deux ans que dure la crise sanitaire, engendrant une grande souffrance.

Au début de la crise, un grand élan de solidarité s'est manifesté au sein des EHPAD pour faire front devant la vague épidémique. Aujourd'hui, le personnel, autant médical, et paramédical qu'aide‑soignant et infirmier, est épuisé. Dans mon établissement, en raison de cas de covid, nous nous sommes retrouvés avec une seule infirmière sur trois : elle a travaillé, de jour et de nuit, plus de 120 heures sur la semaine, et cela dure depuis quinze jours. Nous n'avons plus d'aides‑soignantes, il n'y a plus de ressources d'intérim et la fameuse réserve des agences régionales de santé (ARS) est une coquille vide – nous le disons depuis deux ans, nous n'avons jamais obtenu de ressources par ce biais. Ce personnel, qui, il y a deux ans, se serrait les coudes pour apporter le plus d'humanité possible aux résidents, est aujourd'hui dans un état de sauve‑qui‑peut : il pense avant tout à lui‑même et de moins en moins à nos aînés. C'est catastrophique.

Le livre en cause concerne le privé commercial, mais si l'on faisait la même enquête dans n'importe quel EHPAD public de France, le constat serait le même : le manque d'effectifs est généralisé. Ils travaillent selon un mode minimaliste, se demandant quelles personnes ils vont pouvoir lever puisqu'ils ne sont pas assez nombreux pour lever tout le monde, supprimant des toilettes pour avoir le temps de nourrir tout le monde. Voilà où nous en sommes aujourd'hui !

Le vrai souci, selon moi, c'est la maltraitance institutionnelle. Dans le public comme dans le privé associatif, il n'est pas question d'actionnariat ni de revenus du capital. Le problème est celui du financement accordé aux établissements, qui n'est pas digne des aînés dont nous avons la charge.

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