Je reprends rapidement les questions qui avaient été posées au début de l'audition.
En ce qui concerne notre actualité pour 2021, le déploiement des solutions Business Computer dépend aujourd'hui des pouvoirs publics. Sans leur aide, nous retrouverons le syndrome du DSI.
La crise de la covid-19 nous a impacté car l'année est marquée par des annulations de commandes ou de marchés, notamment dans l'aéronautique.
S'agissant de la façon dont les acteurs publics peuvent concourir à l'émergence de la souveraineté numérique, il faut redéfinir la doctrine en matière de cybersécurité et régler le problème à la source. Il faut aussi jouer collectif, ce qui n'est pas le cas en France.
La question de savoir si la commande publique est suffisamment orientée vers des solutions technologiques françaises est très complexe. Cette réponse nécessite des nuances et il m'est difficile de répondre rapidement.
Le plan de soutien aux entreprises technologiques est actuellement inaccessible pour les petites structures. Les objectifs sont souvent peu pertinents. Dans le cas de la 5G par exemple, l'intérêt stratégique de la développer est douteux et, dans tous les cas, il ne faut la développer qu'à condition qu'elle soit française. Le monde a changé et nous ne travaillons plus avec les deux autres continents. Il est nécessaire que nous défendions nos propres intérêts.
Dans le cas du secteur spatial, qui se fait actuellement dépasser très clairement par les Américains, les choix effectués ont été mauvais et le sont toujours. Je connais d'assez près ce secteur puisque nous avons eu l'occasion d'y travailler.
Sur l'approvisionnement en composants critiques, il serait effectivement intéressant de regarder de près les réseaux de portes programmables in situ (FPGA, Field-Programmable Gate Array ). Un financement a déjà été mis en œuvre et porte ses fruits. Il faut penser aussi aux mémoires, aux technologies de gravure à pas fin que STMicroelectronics a abandonnées pour des questions de coûts. Ce sont des usines à quelques milliards. Je pense que, dans le plan européen de 750 milliards d'euros, la mise en œuvre d'une usine de gravure de composants à pas fin serait un bon investissement. Nous ne sommes plus capables de le faire en Europe depuis longtemps. Pourtant, cela me paraît fondamental pour avoir des composants, notamment des microprocesseurs, performants et efficaces à l'avenir.
En ce qui concerne l'approvisionnement de CLESSE, nous sommes sous le coup d'un possible veto des Américains sur certains composants du fait des International Traffic in Arms Regulations (ITAR), ce qui n'est pas acceptable pour les entreprises. Vous pouvez acheter aujourd'hui un composant qui deviendra ITAR demain ce qui fait que vous ne pourrez plus l'exporter. Ces contraintes sont insupportables et il faut que tous ces composants soient fabriqués en Europe pour ne pas avoir à subir des contraintes ITAR.
Il existe aussi des restrictions d'exportation liées à l'utilisation de nouveaux formats de protocoles qui ont été créés aux États-Unis et nous font arriver en retard sur certains marchés alors que nous sommes tout à fait capables de créer nos propres protocoles et nos propres composants.