Intervention de Jacques de La Rivière

Réunion du jeudi 14 janvier 2021 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Jacques de La Rivière, président et cofondateur de Gatewatcher :

Depuis une dizaine d'années, la commande publique relative au numérique constitue en France un sujet récurrent. PME et grands groupes français du numérique accèdent à cette commande par le moyen de centres d'achats généralisés, telle l'Union des groupements d'achats publics (UGAP). La difficulté se révèle essentiellement culturelle. Les acheteurs publics ne donnent pas automatiquement leur préférence aux produits numériques français. À contraintes comparables du point de vue des marchés publics, ceux d'autres pays européens, comme l'Allemagne, choisissent spontanément les produits nationaux, avant que d'envisager le recours à des solutions d'origine étrangère. En France, l'acheteur public s'oriente souvent d'emblée vers l'offre américaine. Elle lui paraît mieux garantir son projet. Il faut changer cette approche.

Des initiatives à l'instar de celle que la direction interministérielle du numérique (DINUM) a engagée en faveur d'un nouveau label, vont en ce sens. Ainsi que vous l'avez rappelé, la commande publique ne manque pas d'importance en raison de son volume. Elle est appelée à se renforcer encore du fait de la crise qui sévit. Vecteur d'innovation, source de développement des produits, elle s'avère essentielle pour les PME.

Quinze ans en arrière, lorsque l'entreprise de commerce en ligne Amazon a lancé son offre de services informatiques via internet, ou cloud computing, elle a bénéficié, de la part de ses autorités nationales, pendant les deux premières années, d'une commande publique de 600 millions d'euros. Par comparaison, lors de son lancement en France en 2012, Cloudwatt n'a obtenu que l'attribution d'un seul projet public, celui du réseau national de télécommunication pour la technologie, l'enseignement et la recherche (RENATER), pour un total de 200 millions d'euros d'investissement. Cette offre d'hébergement en ligne française a finalement échoué.

Par ailleurs, le personnel de l'administration française tend souvent à redévelopper par ses propres moyens des produits numériques nationaux déjà existants sur le marché. De la sorte, il concurrence ces mêmes produits. En l'absence de mutualisation, de tels développements engendrent de plus des coûts particulièrement élevés. De nombreux exemples existent.

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