Intervention de Louise Bautista

Réunion du jeudi 14 janvier 2021 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Louise Bautista, TheGreenBow :

Je dirai après M. Yoann Kassianides qu'imposer en toutes circonstances, dans le choix de produits informatiques, un simple critère de nationalité ne prendrait guère de sens. Nous ne saurions exclure des considérations d'excellence. Poser une obligation de choisir systématiquement une solution française ne favoriserait pas la qualité de l'offre nationale.

En revanche, l'apposition d'une mention « Spécial France » s'avère pertinente dès lors que nous constatons un enjeu crucial pour la Nation, la présence de données qui lui sont stratégiques. Dans ces conditions, le choix du meilleur produit devient secondaire. La considération de l'autonomie stratégique devrait toujours l'emporter sur le poids des argumentaires certes efficaces de commerciaux, par exemple ceux d'Amazon, qui savent mettre en avant auprès des administrations les fonctions et applications évoluées de leurs solutions d'hébergement des données. Le choix se circonscrirait alors aux offres nationales d'OVHcloud et d'Outscale. Quoique moins étendues sans doute que celles de leurs principaux concurrents étrangers, elles s'avèrent de qualité et propres à répondre aux besoins auxquelles nous les destinerions.

Je ne porte aucune accusation à l'encontre de Bpifrance. Des faiblesses, des pressions et des discours commerciaux interfèrent dans la prise des décisions. En pareille occurrence, j'estime néanmoins que le choix de recourir à une plateforme étrangère ne devrait pas être ouvert. Il appartient au législateur d'intervenir. Amazon est une entreprise américaine. La France est membre de l'OTAN et évidemment l'alliée des États-Unis. Les deux États n'en sont pas moins des concurrents. Concevrions-nous de nous adresser à la Corée du Nord ou à la Chine, afin de bénéficier de leurs solutions numériques ? Nous ne leur confierions certainement pas les données de nos entreprises les plus prometteuses dans le domaine des techniques de pointe, les « licornes » de demain. Pourquoi y consentir avec une société américaine ? Je doute qu'une entreprise telle qu'Airbus, fort bien consciente des enjeux de l'intelligence économique, accepterait de seulement l'envisager.

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