Intervention de Nadi Bou Hanna

Réunion du jeudi 21 janvier 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Nadi Bou Hanna, directeur interministériel du numérique :

Je m'inscris en faux contre le dogme selon lequel une entreprise doit être suffisamment solide pour accéder aux marchés publics. Cette approche est héritée des années 1990 et 2000, qui se caractérisaient par les grands projets, longs et onéreux. Les projets qui réussissent aujourd'hui, aussi bien au sein de l'État que des collectivités territoriales, sont des projets courts, qui mobilisent environ cinq personnes pour construire des solutions. Le succès des startups est significatif à ce sujet. Il faut d'abord commencer par prouver l'intérêt d'un produit avant d'atteindre une taille critique. Nous développons cette approche au sein du guichet GovTech et du programme Tech.gouv grâce à une mission nommée LABEL. Cette mission doit permettre d'identifier des solutions prometteuses, dont la plupart sont portées par des PME, et de déterminer si celles-ci sont capables de se conformer aux exigences de l'État. Il ne s'agit pas d'exigences de volumétrie ; mais bien de localisation d'hébergement ou d'interopérabilité des solutions.

Le code de la commande publique ouvre de nombreuses possibilités pour privilégier des solutions de cette nature. Un prescripteur peut, par exemple, choisir de monter un plateau de projet intégré, réunissant la maîtrise d'ouvrage, les développeurs, les designers de l'expérience utilisateur (UX). Cela constitue un choix stratégique visant à favoriser la réussite des projets. Mécaniquement, les acteurs de proximité seront privilégiés vis-à-vis des acteurs offshore. Si le prescripteur impose que le support d'une solution et la conduite du projet se déroulent en français, il oriente le positionnement des entreprises qui soumettront une offre. Lorsqu'un prescripteur impose une interopérabilité et une conformité à des référentiels mis en place en interministériel en France, il privilégie les acteurs qui ont fait l'effort de s'intéresser aux marchés publics en France. Cela ne constitue donc pas la chasse gardée des grands groupes internationaux.

Nous constatons que beaucoup de PME saisissent l'opportunité de répondre aux marchés publics numériques portés par l'État en direct ou en regroupement. Ma direction a mis en place un marché transverse portant sur les besoins de coaching de l'ensemble des ministères sur les projets agiles. Nous avons fait le choix de privilégier les regroupements de PME et nous l'avons explicitement exprimé dans le cahier des charges. Il s'agit d'un choix stratégique du porteur de projet. Ces possibilités-là existent, mais il faut s'assurer qu'elles soient connues et utilisées.

De la même manière, l'achat innovant ouvre la possibilité aux porteurs de projet de retenir en direct une solution car ils sont intimement convaincus qu'elle est la meilleure solution pour répondre à un besoin innovant. Les possibilités existent, il faut simplement s'en saisir.

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