S'agissant des technologies non matures, l'État a intérêt à tester des cas d'usage le plus tôt possible plutôt que de laisser le marché se structurer, ce qui se fait souvent au détriment des écosystèmes français. Mais cela ne concerne pas seulement le soutien aux filières. Cela recouvre un enjeu de maturation des pratiques au sein de l'État au bon moment. Nous ne pouvons pas perpétuer un modèle dans lequel l'État s'approprie, avec cinq ou dix ans de retard, des technologies que des entreprises privées ou d'autres États ont testées.
Je ne vous donnerai malheureusement pas beaucoup d'éléments positifs au sujet de la blockchain. L'État se situe sur un tiers de confiance par défaut et l'émergence de tiers de confiance externes ne s'est pas avéré judicieux jusqu'à présent. Nous n'avons pas développé beaucoup de cas d'usage intéressants sur la blockchain, et elle n'est par conséquent pas la technologie la plus portée.
En revanche, ma direction a fortement soutenu le développement de l'intelligence artificielle. Nous avons monté, notamment avec le soutien du Programme d'investissements d'avenir (PIA), un dispositif de financement des projets conduits par les ministères en la matière. Il s'agit souvent de projets exploratoires, conduits en liaison directe avec quelques entreprises expertes en la matière. Un certain nombre de ces expérimentations ont montré l'intérêt de les faire passer à l'échelle. Le sujet de la data science entre en résonance directe avec le sujet de la donnée – il en est une composante essentielle. L'intelligence artificielle se développe véritablement aujourd'hui au sein de l'État. La direction générale des Finances publiques (DGFiP), les douanes, Pôle Emploi, les acteurs de la sphère sociale sont, par exemple, en train de constituer des lacs de données (data lakes), c'est-à-dire des entrepôts de données, et d'y embarquer des solutions qui leur permettront d'exploiter ces données afin de prendre de meilleures décisions. Fondamentalement, l'État poursuit une politique d'innovation car celle-ci permet d'améliorer son fonctionnement et d'éclairer la prise de décision publique. Ma direction est évidemment motrice en la matière.
La composante « transformation numérique de l'État » du plan de relance prévoit d'ailleurs une enveloppe dédiée aux technologies non matures. Celle-ci permet un soutien direct et une prise en charge à 100%, dans une enveloppe limitée, des projets et des prototypes qui s'appuieraient sur des technologies non matures.