Intervention de Michel Paulin

Réunion du mardi 9 février 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Michel Paulin, directeur général d'OVHcloud :

Je ne suis pas tout à fait d'accord. À ma connaissance, avec OUTSCALE, nous sommes largement moins chers que tous les hyperscalers. Vous pouvez regarder tous les benchmarks publics : nous sommes beaucoup moins chers. La notion de compétitivité en termes des prix/performance n'est pas un argument opposable aujourd'hui. C'est plutôt l'inverse. Le Cigref se plaint de la position dominante de certains des acteurs qui profitent de leur position dominante pour imposer leur cloud. Les acteurs de SaaS en particulier imposent le stade en dessous pour pouvoir justifier de l'évolution technologique et l'augmentation des prix. Aujourd'hui, un certain nombre de clients se retrouvent, avec des hyperscalers, dans des situations où leurs coûts augmentent fortement. De plus, ces clouds sont fermés, sans API et ne sont ni transparents ni réversibles. Nous sommes dans une double problématique. De notre côté, nous travaillons pour fournir des solutions souveraines, avec des API ouvertes, de l' open source, avec des prix largement plus compétitifs que la majorité des hyperscalers. Nous nous sommes toujours engagés dans la filière à maintenir nos prix à un niveau compétitif, quelles que soient les contraintes posées par l'État.

Le deuxième point que je souhaitais évoquer est cette notion de simplicité. Nous n'avons pas la prétention de dire que l'on pourra couvrir tous les besoins de tous les acteurs. D'ailleurs, quel opérateur peut le prétendre ? Même AWS ne dispose pas de solution collaborative, qui est pourtant un besoin extrêmement important. Cela prouve que le leader mondial n'est pas en mesure de proposer l'ensemble des solutions. En revanche, il est vrai que les hyperscalers ont une gamme plus large. Ils sont partis plus tôt, ils ont été financés par leur pays. Ils ont bénéficié d'un soutien très puissant de leur écosystème régional. L'Europe n'a pas pu mettre en œuvre un tel soutien. Cette simplicité présente un certain nombre d'inconvénients. La solution est bien souvent monolithique, horizontalement ou verticalement. En effet, à l'horizontale, vous n'avez pas le choix sur les sous-ensembles, vous êtes obligés de tout prendre. À la verticale, il est obligatoire de prendre l'ensemble du cloud. Le multi-cloud est impossible. Aujourd'hui, beaucoup de grands comptes ont l'impression d'être pris dans un étau dans lequel ils sont enfermés d'un point de vue contractuel. Le Cigref a désigné les lauréats des mauvaises pratiques concurrentielles dans le domaine de la technologie de l'information (IT). Ces solutions sont apparemment plus simples, mais il faut en comprendre les conséquences.

Nous souhaitons que l'écosystème d'OVHcloud, avec des partenaires (qu'ils soient des éditeurs américains ou européens), puisse fournir l'essentiel des besoins des entreprises dans le domaine du IaaS et du PaaS. Aujourd'hui, oui, nous pensons que nous pouvons répondre à l'essentiel des besoins. Notre croissance le prouve. Nous ne sommes pas un acteur en difficulté. Nous sommes profitables, nous investissons, nous recrutons. Cela montre que nos solutions répondent à une grande partie des besoins des petites et grandes entreprises aujourd'hui. Servane Augier le prouve également à travers l'écosystème qu'elle a monté. Certains sont d'ailleurs communs.

Nous sommes dans des solutions complètement différentes de la philosophie des hyperscalers. Il s'agit de solutions ouvertes, réversibles, multi-cloud, hybrid-cloud. Le client garde la maîtrise de la solution. Ces solutions sont peut-être un peu plus complexes à mettre en œuvre, nous en convenons. C'est pour cette raison que nous travaillons sur des labels, sur des intégrations, sur des marketplaces intégrées afin de faciliter, pour l'utilisateur final, l'usage de ces solutions. Nous avons annoncé des intégrations de solutions. Paradoxalement, nous avons signé un accord avec Google Cloud, dans lequel nous avons garanti la souveraineté des données de manière très stricte (le disconnect ) et nous intégrons des technologies dans un control panel qui fait que, pour le client, l'utilisation de ces technologies sera extrêmement simple. Nous fournissons beaucoup d'efforts pour simplifier en gardant, contrairement à certains acteurs, les API ouvertes à la fois à l'horizontale et à la verticale.

Le fait de dire que les acteurs ne sont pas capables de répondre à l'ensemble des demandes est une facilité intellectuelle. Bien souvent d'ailleurs, il n'y a pas d'appel d'offres. L'effort d'analyse n'a pas été fait. Aujourd'hui, sur un sujet comme le web, sur lequel nous sommes numéro 1 français, nous avons des choses à faire valoir. Nous ne sommes pas numéro 1 par hasard. Nous sommes un des hébergeurs les plus puissants sur les grands et les petits sites. Sur ce sujet, nos arguments sont nombreux et prouvent que nous possédons les solutions. Faut-il encore être consultés et pouvoir répondre de manière équitable et sans exclusivité. Il faut qu'il y ait de la concurrence, de l'innovation. C'est important. Vous connaissez nos positions publiques sur un certain nombre de sujets : nous attendons l'appel d'offres et nous y répondrons.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.