Il s'agit d'une question relativement sensible. Avant le Brexit, la diplomatie numérique britannique était assez pléthorique, et le Royaume-Uni était sans doute l'acteur européen le plus consistant dans ce domaine, sans doute par mimétisme vis-à-vis du partenaire américain, mais aussi par connaissance de ces thématiques et par une plus grande maturité sur ces enjeux et sur la défense des intérêts britanniques en la matière. Cette consistance était particulièrement visible sur la plaque bruxelloise, avec des intérêts britanniques – notamment en matière de commerce et de protection des données – savamment défendus par les officiels de la Couronne, mais aussi une habileté à fonctionner en réseau avec des sociétés de conseil – ou autres – extrêmement efficaces dans la défense de ces intérêts et des approches promues par les Britanniques. Tout ne disparaîtra pas avec la transition et le départ du Royaume-Uni des instances communautaires, puisque le pouvoir britannique disposera toujours d'experts et de relais à Bruxelles.
Quoi qu'il en soit, le contexte numérique britannique est également très particulier, dans le sens où la crise de la COVID-19 a jeté une lumière assez crue sur les dépendances du Royaume-Uni en matière numérique et sur les choix de Londres vis-à-vis de la Chine. Ce dossier a suscité des débats extrêmement animés et placé le Premier ministre Boris Johnson en position parfois délicate. À l'été 2020, le Royaume-Uni a fait le choix assumé de moins chercher à s'attirer les faveurs de Pékin et contracter avec des sociétés technologiques chinoises. Mécaniquement, depuis neuf mois, l'on observe un retour vers l'allié américain, qui pourrait augurer d'un possible alignement des planètes entre Londres et Washington. D'ailleurs, avec l'élection de Joseph Biden, le discours vis-à-vis des Britanniques se voudra plus conciliant que sous la présidence de Donald Trump, durant laquelle les relations anglo-américaines étaient assez chaotiques malgré les déclarations d'amitié répétées de Donald Trump à Boris Johnson.