Les deux sujets ne sont absolument pas décorrélés. L'histoire récente des États-Unis témoigne d'ailleurs des liens étroits tissés entre l'écosystème numérique national et le complexe militaro-industriel. C'est notamment pour cette raison que l'on fait de plus en plus souvent référence, aux États-Unis, au complexe militaro-numérique. Cette expression ne relève aucunement du fantasme et a été employée à maintes reprises par quantité d'auteurs.
En Chine, une stratégie de mimétisme a été initiée à partir du début des années 2010, avant de monter en puissance à partir de 2015 avec les différentes ambitions nationales édictées en matière de cybersécurité, d'intelligence artificielle, d'autonomisation technologique, etc. On observe d'ailleurs, davantage du côté chinois que du côté américain, avec les différences de régime que l'on connaît, le caractère totalement assumé des collaborations entre le parti-État, les structures de l'Armée populaire de libération et les différents acteurs de l'économique numérique nationale. Ces différents acteurs numériques sont ainsi très fortement incités à collaborer avec les structures militaires. Une expression chinoise consacrée parle même de « fusion civilo-militaire », traduisant l'idée que toute avancée dans le domaine civil commercial en matière de numérique doit aussi bénéficier à l'armée, aux structures militaires et aux services de renseignement.
L'imbrication entre les deux dimensions est donc extrêmement forte du côté chinois. C'est d'ailleurs l'un des éléments qui peut nous faire réagir si l'on considère l'exportation plus soutenue de ces acteurs chinois en Europe, en Afrique ou ailleurs, et qui explique en partie les très vives réactions des différentes administrations américaines.