Cette omission est très intéressante. Bien souvent, lorsque l'on évoque ces grands acteurs du numérique, il existe – j'ignore pourquoi – une forme d'impensé vis-à-vis d'Amazon, alors que c'est peut-être l'acteur sinon le plus menaçant, du moins le plus tentaculaire de ces GAFAM. Amazon est devenu la place de marché par excellence et fait peser des risques très concrets au plan macroéconomique et microéconomique, impactant les questions d'équilibre des territoires au sein de ses différents pays d'implantation.
Comme vous l'avez justement décrit, nous faisons face à un mouvement de reconstitution d'acteurs monopolistiques. L'exemple d'Elon Musk avec Tesla et SpaceX est très clair. Nous pourrions aussi parler de Facebook et de ses ambitions – qui ont été discrètement annoncées – de production de semi-conducteurs. De même, Google et Facebook sont très présents, depuis quelques années, dans le tirage de câbles sous-marins. Nous avons donc affaire à des acteurs qui ne se contentent plus du tout d'être la grille de lecture sur le monde de la jeunesse connectée – pour Facebook – ou le moteur de recherche incontournable sur le web – pour Google, puisque ces acteurs entendent également maîtriser l'infrastructure. Cette quête passe par différentes ambitions dans divers secteurs. À ce titre, le spatial est sans doute le secteur qui nous révèle le côté le plus ambitieux – voire mégalomane – de leurs aspirations. Pour sa part, l'Europe dispose d'assez peu de moyens pour répondre à cet enjeu.