Les propos de M. Jean-Claude Laroche sur les compétences dans le domaine de la cybersécurité traduisent un déficit beaucoup plus large des compétences dans les métiers du numérique.
Nous sommes présents au niveau européen dans des groupes de travail sur les compétences digitales. Il ressort des différentes informations dont nous disposons que la Commission européenne estime qu'il manquera à l'horizon 2025 entre 500 000 et 700 000 praticiens du numérique à différents niveaux de formation.
Dans les métiers du numérique, nos adhérents constatent une difficulté croissante à accéder aux meilleurs talents sur un marché mondialisé où ces derniers peuvent arbitrer, et non nécessairement en faveur du pays qui les a formés. Nous constatons une fuite des talents de haut niveau hors de France et d'Europe.
Les entreprises sont par ailleurs assez attentives à la baisse progressive du niveau de formation, en tout cas des exigences académiques pour des ingénieurs à bac+5 en sciences dures – mathématiques, physique – et il faudrait que la France soit attentive à ne pas baisser le niveau d'exigence de la formation des ingénieurs, notamment ceux orientés vers les métiers du numérique. Cela concerne toute la chaîne et il faut également « embarquer » des enfants. Par exemple, le nombre d'élèves qui choisissent, en fin de seconde, la spécialité « Numérique et sciences informatiques (NSI) » est assez faible et très peu de filles figurent parmi eux. De plus, l'une des trois spécialités de première est abandonnée en terminale et, en fin de première, cette spécialité NSI ne se trouve pas en bonne position. Or ce sont ces étudiants qui, à travers Parcoursup, choisiront ensuite les voies de formation des métiers du numérique dans l'enseignement supérieur.
Toute la chaîne n'est pas suffisamment performante au profit de l'ensemble de ces métiers qui représentent les métiers de demain. Le nombre de filles est catastrophique et la tendance se dégrade même encore. Nous avons actuellement 15 % de femmes dans les métiers du numérique au sens large et, dans l'enseignement supérieur, elles sont à peine 10 ou 12 %. La mixité des métiers du numérique se dégradera donc mécaniquement. Il faut vraiment faire des efforts.
Soyons bien clairs : nous n'atteindrons pas la souveraineté numérique sans compétences pour porter tous ces enjeux. La formation est un enjeu majeur pour restaurer en France et en Europe une certaine souveraineté numérique.