Intervention de Olivier Tesquet

Réunion du jeudi 25 mars 2021 à 14h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Olivier Tesquet, journaliste spécialisé dans les questions numériques à Télérama :

J'entends que le « pedigree » de M. Karp est différent. Je remarque d'ailleurs que chaque fois qu'il s'agit d'éteindre l'incendie, comme quand Palantir est accusé d'être le bras armé de la politique migratoire de Donald Trump et de favoriser l'expulsion de milliers de clandestins aux États-Unis sous la mandature précédente, on envoie Alex Karp pour faire un peu de relations publiques. Il n'aura échappé à personne qu'il était plutôt d'obédience marxiste, qu'il a étudié avec Habermas quand il était en Allemagne. Personne ne le conteste. Je me souviens toutefois d'une interview au Financial Times, à l'automne dernier, dans laquelle il expliquait que ce qui se jouait était une bataille pour l'Intelligence artificielle entre les États-Unis et la Chine et que l'hyperpuissance qui remporterait ce combat régnerait sur le monde.

Je sais que ce n'est pas l'audition de Peter Thiel, mais celui-ci dirige un fonds d'investissement, le Founders Fund. Il finance un certain nombre d'entreprises. Je pense à une autre société qui tire son nom du Seigneur des Anneaux qui s'appelle Anduril, fondée par Palmer Luckey. Il a créé les casques Oculus de réalité virtuelle. Parmi ses premières inventions, il avait mis au point un mur virtuel qui avait vocation à remplacer le mur physique que ne pouvait pas se payer Donald Trump.

Nous sommes donc quand même face à une entreprise qui vise une protection assez explicite des intérêts américains, qui est présentée comme telle. Il me semblait important de le rappeler. Par ailleurs, je pense que ces interrogations infusent assez haut dans l'appareil d'État en France. La DGSI travaille depuis longtemps sur des alternatives à Palantir pour essayer de s'en dégager. Je crois savoir, et je ne suis probablement pas le seul dans cette réunion, que la solution ne fait pas l'unanimité au sein de l'état-major français.

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