Intervention de Fabrice Brégier

Réunion du jeudi 25 mars 2021 à 14h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Fabrice Brégier, président de Palantir France :

La phrase concernant les États-Unis et ses alliés correspond à ce que j'ai dit en d'autres termes : États-Unis et démocraties occidentales. J'y ai ajouté le Japon et la Corée du Sud, qui n'ont rien d'occidental, mais qui sont des alliés des États-Unis. L'image vise à rappeler que nous ne vendons pas ces logiciels au monde entier. Regardez les entreprises françaises d'armement : elles vendent à un spectre beaucoup plus large, sans savoir ce que sera l'utilisation finale de ces armements, avec l'accord de l'État. Là, c'est une autocensure de Palantir. Vous pouvez l'interpréter et faire de la genèse de texte pour savoir si la France est un véritable allié des États-Unis, mais arrêtons. La France, l'Allemagne, les pays nordiques, le Royaume-Uni, l'Europe du Sud, le Japon, la Corée sont clairement dans cette catégorie. Ce n'est pas une demande des États-Unis, c'est une autocensure décidée par Alex Karp, compte tenu de l'importance de telles technologies et des garde-fous qui doivent être prévus. Elles doivent être utilisées par des démocraties, qui définissent ensuite leurs propres règles.

Palantir assume de travailler pour les gouvernements, contrairement aux GAFA. Les GAFA ont pris l'argent des États-Unis et ont tourné le dos au gouvernement américain. C'est en tout cas ce qu'affirme Alex Karp. Nous, nous assumons totalement d'avoir des missions de souveraineté pour les gouvernements, et pas seulement pour le gouvernement américain. Travailler dans les pays d'Europe du Nord n'est pas simple. Il faut leur démontrer tout ce qui doit être fait pour la protection des données personnelles. C'est au moins aussi sévère qu'en France.

Nous l'avons fait dans tous les pays, si ce n'est qu'en France, nous avons des entreprises qui n'acceptent pas qu'une start-up de cette nature, qui, certes, emploie maintenant 2 500 salariés, prenne leur place. Elles ont des capacités de lobbying et font jouer la fibre nationale, pour ne pas dire nationaliste, et celle concernant In-Q-Tel et la CIA. Or, la France doit agir de la même façon.

Le métier d'In-Q-Tel est de dénicher des pépites qui peuvent aider à la sécurité nationale des États-Unis. Palantir a été un bon choix de ce point de vue. Je ne sais même pas si In-Q-Tel est toujours au capital. Le fonds n'apparaît pas dans les rapports dans la mesure où le capital est désormais détenu en totalité par des investisseurs privés. Les règles de marché régissent Palantir, mais ces fonds ont permis à la société de prendre des risques et de se développer au-delà de ses investisseurs d'origine.

En France, il me paraîtrait intéressant que Bpifrance continue son travail remarquable d'investissement dans des entreprises de taille intermédiaires (ETI) ou même des grands groupes stratégiques, mais aussi dans les fonds d'investissement à l'usage de la tech et des start-up. J'ai également en tête le fonds Definvest, piloté par le ministère des Armées, qui investit dans des start-up de la tech. Dirions-nous que ces start-up sont dans la main du ministère de la Défense français, ne peuvent pas travailler à l'étranger, ne peuvent pas exporter ? Certainement pas. Un coup de pouce leur est donné et cela s'arrête là. Le parallèle doit être fait avec Palantir, qui assume de travailler pour les États, contrairement aux GAFA.

La capitalisation boursière des GAFA se situe autour de 1 000 milliards de dollars. Nous n'en sommes pas encore là. Nous ne sommes pas du tout comparables à la taille d'un GAFA. Nous n'avons pas les mêmes pouvoirs de lobbying, en France, en Europe ou à Bruxelles. Nous n'avons personne. Nous sommes une petite structure.

Nous aidons les clients à valoriser leurs données, nous n'y avons pas accès et nous n'avons pas l'intention de les monétiser, de les transformer ou de les vendre. Je ne peux pas le dire plus simplement. C'est un schéma établi. Même quand on nous demande si nous pouvons faire du crunching de données, sur Facebook ou autres, nous nous y refusons. C'est au client de le faire. D'autres entreprises ont moins de scrupules et le font pour lui. Nous, nous prenons les données de nos clients et nous les aidons à les valoriser et à les intégrer. C'est pour ces raisons que cette appellation d'anti-GAFA fait sens quant aux règles de comportement.

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