Intervention de Fabrice Brégier

Réunion du jeudi 25 mars 2021 à 14h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Fabrice Brégier, président de Palantir France :

La réversibilité est un sujet fondamental. Les développements réalisés par le client, que ce soit les travaux sur la donnée, les algorithmes, tout ce qui « tourne » sur la plateforme, lui appartiennent. Il n'y a pas de problème de propriété intellectuelle. Cette garantie est contractuelle. Ensuite, tous les développements dans des langages ouverts peuvent être réutilisés tels quels par une plateforme du même acabit, sans difficulté. Nous avons aussi démontré à des clients qui souhaitaient changer de société de cloud que nous pouvions les aider à transposer toutes leurs données de la société A à la société B, en quelques semaines, ce qui constitue un exploit dans le cas d'un très grand groupe. Cette réversibilité existe donc.

Je suis dans le camp du pragmatisme. À supposer que la définition que vous retenez de la souveraineté soit d'en faire le maximum en France, dès lors qu'une solution française serait disponible, elle pourrait se substituer à celle de Palantir. Entretemps, que faisons-nous ? Rien ? Il y a des domaines considérables d'amélioration de la performance de l'État grâce à des solutions comme la nôtre.

Vous avez cité celui de la santé. Il est très sensible dans la mesure où il agrège des données personnelles et des données de santé. Sur nos plateformes, il n'y a pas de données personnelles. Elles sont regroupées et anonymisées. Une telle plateforme sert à suivre le comportement de l'épidémie. Vous n'avez pas besoin de savoir que Fabrice Brégier ou M. Dupond est dans telle ou telle catégorie. Généralement, le client lui-même prend ses propres protections, car il est, à juste titre, sous la supervision d'équivalents de la commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Les éléments sont utiles aux chercheurs, aux épidémiologistes pour suivre l'évolution de l'épidémie en temps réel à l'échelle du pays, de la région ou du quartier. La granularité forte maintient cette anonymisation.

La plateforme sert aussi à tout ce qui a trait à la chaîne logistique, autour de l'organisation des moyens de secours, des hôpitaux, de la vaccination. Ce n'est pas Palantir qui décide qui sera vacciné. Nous n'en savons rien. Les services de l'État coopèrent et décident quelle catégorie de population doit l'être. Ces personnes sont cependant pré-identifiées grâce aux bases de données et la diffusion peut être immédiate. En cas de changement, si une région devient beaucoup plus touchée, il est aussi possible de prendre des décisions immédiates et toute la chaîne logistique se met en œuvre.

Nous n'avons pas accès aux données personnelles, aux données de santé. Il n'y a pas de complot de Palantir qui nous permettrait de récupérer les données aux États-Unis, en Angleterre et dans d'autres pays du monde pour devenir le super connaisseur du domaine de la santé. Ce n'est pas ce que nous faisons et ce n'est pas ce que nous cherchons. Nous vivons en apportant des solutions immédiates, dans ce cas précis à une gestion de crise, en rendant service et en valorisant ce service à travers la vente d'une licence et le soutien d'équipes pour intégrer les données. Le seul lien qu'il peut y avoir avec des données intervient lorsque le client demande le soutien des ingénieurs de Palantir pour intégrer des données, toujours sur la plateforme d'hébergement du client. Ces éléments ne vont pas sur un serveur de Palantir. J'imagine qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni, si ces ingénieurs répondent à des demandes de souveraineté plus poussée, ils seront aussi habilités.

Mes ingénieurs sont des ingénieurs de premier plan, qui ont la mission pour l'État chevillée au corps. Cela me fait mal au cœur pour eux qu'on suspecte qu'ils pourraient voler des données pour le compte de puissances étrangères alors que, par ailleurs, les portes sont grandes ouvertes pour des ingénieurs indiens, en sous-traitance de SSII françaises qui travaillent pour le Gouvernement français. Ce sont deux poids, deux mesures et vous devriez regarder ces aspects.

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