Intervention de David Ofer

Réunion du mardi 30 mars 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

David Ofer, président de la Fédération française de la Cybersécurité :

Oui, nous avons un excellent écosystème français, parce que nous avons beaucoup d'entreprises qui développent de la technologie en cybersécurité avec des produits très innovants. L'ANSSI joue un rôle important pour les grandes entreprises.

Cela dit, quand on regarde la Suisse et la Grande-Bretagne, quand on regarde comment sont équipées les entreprises en termes de cybersécurité, les logiciels américains et israéliens dominent le marché.

L'écosystème français est bon et performant. Nous avons des logiciels et des ingénieurs de premier plan. Le vrai sujet est le suivant : comment promouvoir ces entreprises au-delà de nos frontières ? Je reviens à ma proposition de small business act à la française. Il faut aider nos entreprises à obtenir des marchés, il faut être capable d'investir massivement dans ces entreprises.

En 2016, un rapport américano-anglais présentait deux pépites françaises de la cybersécurité comme des licornes en devenir : Pradeo et ITrust. Ces deux entreprises ont levé respectivement un et deux millions d'euros, alors que deux entreprises américaines, Palantir et Tenable ont levé des centaines de millions et rayonnent sur le marché de la cybersécurité au niveau mondial.

Si l'on veut favoriser nos entreprises, il faut investir et aider les entreprises à accéder à des marchés, ce qui passe par la commande publique, par la génération de chiffre d'affaires et par un rôle d'accompagnement des autorités. L'ANSSI délivre des certifications qui sont utiles pour les grands groupes, mais elle devrait avoir un rôle de conseil et d'accompagnement pour les entreprises à l'export.

Il existe un grand nombre de certifications, mais aujourd'hui, la problématique est l'investissement dans les pépites et l'écosystème. Le plan d'un milliard est nécessaire, mais il faut aller au-delà. Pour faire une licorne, il faut investir dans une entreprise entre vingt et cinquante millions d'euros. Je ne connais pas un fonds français qui est prêt à investir un tel montant sur une entreprise qui ne réalise pas de chiffre d'affaires. Toute la problématique se situe à ce niveau. Aux États-Unis, en Israël et dans quelques autres pays, vous avez des entreprises qui, avec quelques centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires, lèvent des centaines de millions et deviennent de véritables champions.

En France, nous avons laissé filer des pépites. Je veux vous donner l'exemple de Sentryo, qui a été créée par un entrepreneur français qui a développé une solution pour vérifier l' IoT (Internet of the Things). Il a fait le tour des investisseurs français, qui ont regardé son dossier avec dédain. À cours de solutions, cet entrepreneur courageux a été obligé de passer sous drapeau américain. Malheureusement, les décideurs français regardent les dossiers d'investissement avec un œil de banquier, et non avec une prospective de souveraineté dans l'intérêt du tissu économique national.

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