Je suis d'accord avec M. Cosimo Prete concernant l'importance de disposer de moyens pour contrôler l'identité sur le terrain.
Par ailleurs, le contexte actuel diffère radicalement de celui de 2019. Nous sommes ainsi contraints de nous connecter en ligne pour échanger, opérer ou effectuer des transactions. Aussi critique que soit la vérification des titres physiques, nous nous trouvons désormais en plein virage numérique. Cette tendance existait déjà depuis plusieurs années, mais connaît actuellement une forte accélération à cause de la crise sanitaire. Or, personne n'avait anticipé le niveau des attentes auxquelles nous sommes confrontés.
S'agissant de notre souveraineté numérique, nous faisons face à un déséquilibre, car nous nous trouvons face à des acteurs en position dominante maîtrisant l'environnement mobile. Le smartphone est désormais devenu totalement incontournable, dans le domaine privé comme dans le public. À l'heure actuelle, ces téléphones sont maîtrisés par deux acteurs décidant de ce qu'il est possible ou non de réaliser avec eux. Ainsi, certains choix commencent déjà à se fermer pour nous. Si nous ne prêtons pas la plus grande attention à la façon dont nous souhaitons nous positionner, en tant que nation ou en tant qu'Europe, face à ces acteurs gérant une partie de notre écosystème, nous finirons par rater le virage et il sera presque impossible de le rattraper.
Il convient donc de nous interroger sur notre façon d'utiliser les téléphones et sur les informations qui y seront disponibles. Dans le cas contraire, nous serons amenés à charger des informations liées à notre identité pivot sans savoir où celles-ci se retrouveront. Nous pourrions par exemple exiger de la part de ces acteurs un certain niveau de sécurité concernant la zone de stockage et la zone d'exécution. Il sera donc nécessaire de décomposer les étapes et les informations que nous avons besoin de partager, ainsi que de nous demander comment elles seront utilisées. Pour rappel, lors de la parution du RGPD, ces acteurs ont tenté de lutter contre les contraintes que celui-ci impliquait.
Nous nous trouvons à un point critique où un système d'identité numérique est en passe d'être lancé à l'échelle de la nation. Cette identité numérique reposera sur un certain nombre d'infrastructures. Les fournisseurs de service tels que les collectivités locales, les banques ou les opérateurs auront besoin d'accéder à l'information gouvernementale, car c'est bien l'État qui est en mesure de confirmer l'identité d'une personne. Cette information devra de toute façon être partagée sur certains supports, qu'il s'agisse d'ordinateurs ou de téléphones portables.
Nous avons donc besoin d'exprimer nos exigences et d'établir une certaine normalisation. Un premier niveau a été mis en place en ce qui concerne les données avec le RGPD. Un deuxième l'a également été avec le Règlement eIDAS (Electronic Identification Authentication and trust Services), qui a permis d'atteindre un premier objectif d'harmonisation au sein de l'Europe. Nous devons désormais nous montrer plus spécifiques concernant nos attentes vis-à-vis des parties prenantes. Sur ce point, impliquer les GAFAM me paraît être une bonne façon de répondre à l'accélération face à laquelle nous nous trouvons.