Intervention de Laurent Degré

Réunion du mardi 13 avril 2021 à 13h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Laurent Degré, président-directeur général de la société Cisco Systems France :

Je voudrais en premier lieu revenir sur ce qu'est Cisco, ce que nous faisons et ce que nous ne faisons pas, ce qui peut être important pour la suite des questions que vous avez abordées. Cisco est comme vous l'avez précisé une société née en 1984. Notre métier est simple : il s'agit de connecter les applications, les équipements, les personnes, de transporter les flux d'information et de les sécuriser. L'entreprise compte 77 000 salariés dans le monde, dont 700 en France, un certain nombre d'entre eux étant des chercheurs. Ces derniers ont notamment intégré la société anciennement appelée Sentryo, une pépite de la cybersécurité dans le monde industriel.

Notre métier n'est pas le commerce de la donnée : nous la transportons et la sécurisons. La cybersécurité est en revanche notre métier, du point de vue de l'outillage, des solutions logicielles et matérielles, ainsi que de la manière dont nous développons nos produits, dont nous interagissons avec nos prestataires et dont nous intégrons la sécurité de la conception à la fabrication.

Notre modèle de vente est exclusivement indirect. Tout ce que nous fournissons en termes de technologie est intégré, distribué, déployé et opéré par nos partenaires. Nous avons 1 200 partenaires français, dont certaines grandes entreprises comme Atos, Thales, Orange ou SFR, ainsi que tout un réseau de distributeurs à valeur ajoutée. Notre business model s'appuie donc sur les acteurs de confiance de l'écosystème français.

Nous contribuons à la formation aux métiers du digital dans l'écosystème, en formant 30 000 personnes par an – demandeurs d'emploi, formations certifiantes, cursus de formation intégrés (dans les IUT notamment) dans l'Éducation nationale.

La souveraineté numérique est un mouvement que nous observons en France, et auquel nous sommes très sensibles. Il se manifeste également au niveau global et dans de très nombreux pays. Nous y sommes très attentifs. Encore une fois, notre métier n'est pas de conserver ou de commercer des données, mais nous nous intéressons aux problématiques de souveraineté.

L'autonomie est un premier aspect, mais le contrôle des données est également très important. Parmi toutes ces plateformes de type cloud, nous proposons la solution Webex. La souveraineté renvoie à la notion de frontières, alors que le cloud et Internet de manière générale ont été conçus en s'affranchissant de ces règles. Nous devons néanmoins absolument disposer de la capacité de réglementer, de nous adapter à ces problématiques, pour conserver le contrôle des données au niveau d'un pays, mais aussi d'une entreprise.

Il convient de distinguer souveraineté numérique et protectionnisme. Nous pensons qu'il est important d'utiliser la technologie telle qu'elle est mise en place par les acteurs du marché, dont Cisco, tout en créant des garde-fous réglementaires et les processus nécessaires. Une fermeture ou un cloisonnement ne peut pas répondre à l'ensemble des questions. Bénéficions de la technologie, travaillons avec des acteurs tels que l'ANSSI en France, qui est très en avance en termes de recommandations et de réglementation. C'est un travail qui doit se faire avec les industriels. Mettons les bons outils en place pour faire en sorte que tout cela se passe sous un contrôle, ou du moins une protection des États.

Reste une dimension importante, celle de l'industrialisation. Selon les pays, les demandes que recouvre la notion de souveraineté numérique sont bien souvent différentes. On parle de localisation des données dans un cas, de centre de données localisées dans un autre, de cybersécurité ailleurs, ou encore de possibilités de contrôler et de débrancher des applications. L'aspect industriel est extrêmement important pour des acteurs comme Cisco ou d'autres. Élaborer une solution pour chaque pays est très compliqué si l'on veut concilier l'innovation, l'aspect industriel, la capacité à proposer des applications et des services bénéficiant de cette innovation, tout en répondant aux réglementations.

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